
Le match entre le LOU et l’ASM aurait dû être une belle affiche de Top 14. Il a finalement été marqué par des scènes qui ne ressemblent pas au rugby.
Selon les « Carnyx arvernes », un groupe de supporters clermontois non affilié à l’Interclubs, trois de leurs membres ont été agressés dans les tribunes. Une jeune femme a même été prise en charge par le service médical du Matmut Stadium, blessée au visage.
Les présumés agresseurs ont été déplacés en pesage. Leur point de départ ? La pose d’autocollants de l’ASSE dans le stade, réalisée par des supporters stéphanois en route vers Geoffroy-Guichard.
Les « Carnyx » ont préféré calmer le jeu, rappelant via La Montagne que « le rugby est un sport festif » et qu’ils « ne veulent pas de débordements dans les stades ».
Des incidents loin d’être isolés dans le rugby
Ce week-end n’est pas un cas unique. Aimé-Giral a déjà été pointé du doigt pour des jets de bière. À Bordeaux, des supporters rochelais ont rapporté insultes, doigts d’honneur et véhicules rayés.
À chaque fois, la même analyse ressort : les tribunes changent.
Un public nouveau… et de nouveaux comportements
Avec la médiatisation du rugby, les tribunes se remplissent d’un public plus jeune, plus varié, et parfois moins familier du code du rugby.
L’UCRAF a lancé l’alerte et transmis à la LNR un guide des « dix règles d’or du supporter » pour sensibiliser les nouveaux venus.
« Beaucoup de spectateurs n’ont aucune connaissance de ce sport », souffle Gérard Coupy, membre de la commission sécurité de l’UCRAF, dans les colonnes de La Montagne. Selon lui, certains comportements observés viennent directement d’autres disciplines :
« Dans d’autres disciplines, le moindre coup de sifflet déclenche des huées. On observe désormais la même chose au rugby. La bronca s’installe car ces personnes ne connaissent pas le règlement. Il faudrait rééduquer les spectateurs avec de petites publications. À Bordeaux, par exemple, on voit arriver des supporters de football déçus par les résultats des Girondins. »
Un Top 14 plus populaire que jamais… et plus exposé
Le phénomène prend de l’ampleur car les stades n’ont jamais été aussi pleins. La saison dernière : près de 3 millions de spectateurs, un record.
Cette popularité attire un public plus jeune, plus démonstratif, parfois plus impulsif.
Pour le sociologue Seghir Lazri, cette évolution est presque mécanique :
« Les bagarres entre supporters ont toujours existé, mais jusqu’à présent le haut niveau semblait préservé. Le rugby capitalisait même sur cette image par opposition au football. Sauf qu’aujourd’hui, le public a changé. Le sport s’est ouvert à d’autres populations. Les supporters historiques voient leur identité bousculée. Ce jeu d’opposition crée plus d’engagement, et dans certains contextes, cela peut générer de la violence. »
Il ajoute :
« Tous les sports qui connaissent une forme de popularité subissent ces déviances. Les stades ne sont pas opaques à la société. En s’ouvrant, le rugby prend fatalement sa part de déviances. »
Un signal d’alarme pour les clubs et la Ligue
Le rugby professionnel entre dans une zone sensible.
Les instances veulent agir, mais le phénomène semble parti pour durer.







