Antoine Dupont n’a plus posé un crampon sur une pelouse depuis cette nuit irlandaise de mars dernier, lorsque son genou droit a cédé. Neuf mois plus tard, l’heure du retour a sonné. Et à Toulouse, impossible d’y échapper : Toto revient, et l’événement fait vibrer tout le club.
Jean Bouilhou, l’entraîneur des avants, ne s’en cache pas. Il sourit même au moment d’évoquer l’influence immédiate de son capitaine.
« Qu’est-ce que le retour d’Antoine change ? Je ne pourrais presque pas répondre à la question. C’est un joueur différent. Il a tout de suite repris ses marques. Il est tellement talentueux. Et il a aussi une forme d’autorité sur le jeu. »
Toute la semaine, à Ernest-Wallon, ses partenaires ont senti que quelque chose avait bougé. Joshua Brennan, d’ordinaire mesuré, laisse transparaître une excitation rare.
« C’est toujours un plaisir de retrouver un mec comme Toto. Il apporte de l’énergie à l’entraînement. Il est en forme. On l’avait déjà vu revenir après sa première blessure au genou et il n’y avait pas de problème. Il n’y en aura pas après son deuxième retour, il va très vite le montrer. »
Le constat est identique chez David Ainu’u, admiratif du travail accompli durant ces longs mois de convalescence.
« C’est important d’avoir un mec comme Antoine pour jouer ce match face au Racing. Il a beaucoup bossé pour être ici. C’était difficile pour lui. On est content qu’il soit disponible pour jouer son premier match depuis longtemps. »
Dans son analyse, Bouilhou insiste sur ce sentiment partagé : rien n’a changé. Le capitaine des Bleus est revenu comme s’il n’était jamais parti.
« On a retrouvé l’Antoine qu’on avait quitté il y a neuf mois. Il retrouve vite ses sensations. Tous les voyants ont été mis au vert pour qu’il puisse jouer. »
Mais le mystère demeure : à quelle vitesse retrouvera-t-il son niveau stratosphérique ? Bouilhou refuse de se perdre en prophéties.
« Je n’ai pas de boule magique. Je peux seulement parler de ce que j’ai vu à l’entraînement. Et je n’ai pas senti de baisse de niveau par rapport à ce qu’il faisait l’année dernière. Je suis plutôt rassuré de le voir à ce niveau-là. Le futur nous dira comment il évolue. Mais il s’est donné les moyens, pendant sa convalescence, de revenir à son meilleur niveau. »
Le retour se fera samedi soir, dans une enceinte pleine à craquer, face au Racing 92. Le stade attend son capitaine. Ses coéquipiers aussi. Le rugby français encore plus. Et dimanche matin, une seule question comptera : Toto est-il encore Toto ?
