
Plus de huit mois d’attente, une opération lourde, des semaines de rééducation… et un stade entier qui n’attendait que ça. Ce samedi soir, Ernest-Wallon a retrouvé son roi : Antoine Dupont. Entré à la 50e minute lors du large succès toulousain contre le Racing 92 (48-24), le capitaine du XV de France a rejoué pour la première fois depuis sa rupture du ligament croisé du genou droit. Et le moins que l’on puisse dire : la flamme est intacte.
Un retour sous ovation, sans artifice mais avec maîtrise
Quand son numéro s’est affiché, le stade a explosé. Dupont, lui, n’a pas cherché le geste spectaculaire. Durant trente minutes, il a remis la machine en route, sobrement, proprement, en patron.
« Le score était quasiment fait quand je suis rentré, donc c’est plus facile », a-t-il confié sur Canal+.
Surtout, il a rassuré tout le monde :
« J’ai encore un peu de boulot au niveau physique mais les sensations sont bonnes. »
Pour une première reprise, Toulouse avait déroulé, en supériorité numérique, rendant la soirée idéale pour un retour sans stress.
Toulouse, les Bleus, et un calendrier qui va s’enchaîner très vite
Le timing n’a rien d’un hasard. Le Stade toulousain s’apprête à lancer sa campagne de Champions Cup, et Dupont, affuté depuis plusieurs semaines, arrive juste à temps.
Derrière, un choc immense attend les Bleus : Irlande-France le 5 février, ouverture du Tournoi. La grande question du public ? Quand retrouvera-t-on le Dupont qui change des matchs à lui tout seul ?
Difficile d’avoir une date, mais les experts sont déjà au travail.
Entre prudence médicale et confiance totale
Le docteur Jean-Baptiste Grisoli s’est confié via Le Parisien. Il rappelle la réalité d’une opération comme la sienne :
« On dit qu’il faut quasiment un an pour retrouver pleinement toutes ses sensations. Il doit jouer et voir comment le genou réagit. Le club va scruter ses données de fatigue et voir comment il se sent sur des terrains qui sont gras à cette période de l’année. »
Le staff toulousain surveillera de près la fatigue et les réactions du genou sur des terrains d’hiver lourds.
Son ami Sacha Valleau est à la fois rassuré… et prudent :
« Je suis un peu surpris de le voir dès maintenant, mais Antoine est souvent en avance sur les temps de passage. Il va devoir reprendre confiance sur ses différents gestes, notamment dans les rucks, un secteur où il a subi sa blessure contre l’Irlande. Il a un peu d’appréhension je pense, qu’il va devoir enlever. Après, il a cette capacité et cette force de revenir vite au plus haut niveau. C’est difficile de tabler sur quelque chose, mais moi je dirais qu’il lui faudra trois ou quatre matchs. »
Une reprise qui s’annonce comme une montée en puissance
Après cette demi-heure réussie, les étapes vont s’enchaîner :
– première titularisation,
– premier match complet,
– enchaînement des rencontres,
– retour en équipe de France.
Une pression sportive… et médicale
Après deux ruptures du même ligament, Dupont vit avec un risque supplémentaire :
« Il y a entre 15 et 16 % de récidive après une rupture d’un ligament croisé, que ce soit la première ou la seconde fois », rappelle le Dr Grisoli.
Et une troisième opération serait très délicate :
« Par contre, il va vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête car après deux opérations, il n’y plus assez de tendon à proximité du genou s’il faut de nouveau opérer. Cela signifie qu’en cas de troisième opération, il faut aller prélever dans le genou sain. »
Mais ce soir-là, rien de tout ça n’a traversé l’esprit des supporters. Ils voulaient revoir leur maître à jouer, leur capitaine, leur phénomène. Et il est bel et bien là.
Après des mois de doute, d’attente et de prudence, Antoine Dupont est de retour. Peut-être pas encore à 100 %, mais déjà influent, déjà inspirant, déjà indispensable.







