Pendant des années, Toulouse a été le plus grand défenseur d’un Top 14 réduit. Aujourd’hui, le club n’est plus du tout sur cette ligne. Et ce revirement n’est pas un hasard : le paysage économique du rugby a changé, et le Stade Toulousain aussi.
Midi Olympique fait un point sur ce gros revirement de situation.
Un club longtemps en tête de la fronde
Il fut un temps où le Stade Toulousain menait le combat contre la formule à quatorze clubs. La raison était simple : un calendrier infernal, des internationaux épuisés et des doublons jugés ingérables. À l’époque, la voix du club pesait lourd. Et sous René Bouscatel, l’idée d’un Top 12 était devenue une quasi-obsession.
La position du dirigeant avait toutefois évolué lorsqu’il a pris la tête de la Ligue nationale de rugby, en 2021.
Il l’avait reconnu en déclarant :
« Je crois que l’intérêt commun doit l’emporter sur les intérêts particuliers. Je pense que la formule actuelle a beaucoup plus d’avantages qu’elle n’a d’inconvénients sur le plan général et global. Et je le pense très sincèrement. »
Didier Lacroix, son successeur au club, avait lui aussi poussé vers une réduction du championnat. En 2021, il expliquait :
« À douze, tu réduis le nombre de matchs par saison, donc les doublons. Et tu gagnes du temps de mise à disposition des internationaux. Mais si c’est seulement l’instauration d’un Top 12, cela n’a aucun sens. Si ce projet veut dire la création d’une nouvelle compétition, alors je pense que le Top 12 peut tirer l’élite vers le haut, entraîner Pro D2 et Nationale dans son sillon. »
Une grande réforme imaginée… puis rangée dans un tiroir
À cette période, Toulouse ne voulait pas seulement modifier le format. Le club défendait une refonte complète du rugby français, avec la création d’une Coupe de la Ligue permettant aux jeunes joueurs de s’exprimer pendant les semaines libérées.
Mais avec les années, les priorités ont changé. Le Stade Toulousain s’est remis à dominer le rugby français malgré les doublons, et a même transformé cette contrainte en force : davantage de jeunes lancés, un centre de formation encore plus central, un effectif pensé pour durer.
L’économie a tout changé
Si Toulouse n’est plus aussi offensif sur le Top 12, c’est aussi parce que le club a bâti une économie solide. Son attractivité sportive et commerciale lui permet aujourd’hui de faire de chaque match à domicile — et de ses délocalisations au Stadium — une véritable ressource stratégique.
Cette puissance financière a modifié la réflexion : pourquoi réduire le calendrier si les grandes affiches remplissent les caisses et renforcent le modèle toulousain ?
Le club préfère désormais chercher des solutions ailleurs pour protéger ses internationaux, alors que de nouvelles compétitions apparaissent et alourdissent encore le calendrier. Le Top 14, lui, ne semble plus être la cible prioritaire.
