Dans un milieu où le silence règne souvent, Romain Latterrade a choisi la parole. Le talonneur de Provence Rugby, sanctionné à deux reprises pour avoir parié sur du rugby à 7, a accepté de revenir publiquement sur cette affaire via *Midi Olympique*. Une prise de parole rare sur un sujet toujours tabou dans les vestiaires.
À 29 ans, l’ancien joueur de Mont-de-Marsan, Bordeaux-Bègles et aujourd’hui à Aix-en-Provence, se rappelle très bien ses débuts dans les paris sportifs : « J’ai commencé à parier vers 17-18 ans… C’était une manière de pimenter les matchs », confie-t-il. Par méconnaissance du règlement, il mise alors sur des matchs de rugby à 7, domaine strictement interdit aux professionnels.
Sa première sanction tombe après une mise anodine de 20 euros : un blâme et une amende de 1 000 euros avec sursis. Pensant l’affaire derrière lui, il continue toutefois à parier, sans savoir qu’il devait le déclarer aux instances. Deux ans plus tard, son sursis est annulé et il doit s’acquitter de l’amende. Malgré tout, Latterrade insiste : il n’a jamais parié sur ses propres matchs ni sur ceux des clubs où il évolue.
« J’ai mal vécu d’être passé un peu pour un tricheur », avoue-t-il, révélant les conséquences humaines de cette faute. Face à cette expérience, il prend une décision radicale : fermer tous ses comptes de paris. Il ne parle pas d’addiction, mais d’une prise de conscience profonde. « Ma mésaventure m’a servi de leçon », affirme-t-il.
Aujourd’hui, il met son expérience au service des plus jeunes. Si dans les clubs, les centres de formation sensibilisent généralement les joueurs, une grande partie des Espoirs échappent encore à ces programmes d’information. « Quand j’entends que des jeunes jouent, je les préviens : pas sur le rugby ! […] Il faut marteler le message : ne pas jouer. Le jeu n’en vaut pas la chandelle », avertit-il.
Pour Romain Latterrade, renforcer la prévention est une priorité. Les risques vont bien au-delà des sanctions disciplinaires : l’addiction aux jeux, comme l’a révélé récemment l’affaire de Jérôme Bosviel, peut causer de graves dérives. « Cela peut être néfaste et entraîner une vraie addiction. Ensuite parce que c’est stupide et dangereux », prévient-il.
Son souhait est clair : que son parcours serve d’exemple, afin d’éviter à d’autres jeunes joueurs de gâcher leur carrière pour une mise dérisoire.







