Après deux saisons difficiles au Racing 92, Cameron Woki renaît à l’Union Bordeaux-Bègles. De retour en Gironde cet été, l’international français retrouve le plaisir de jouer, un rythme effréné et un rôle central dans une équipe qui lui correspond parfaitement. Avec douze matchs disputés sur autant possibles et deux essais à son actif, Woki confirme un début de saison solide : la machine est bel et bien relancée.
Pour lui, ce retour ne se résumait pas à un simple transfert. Dès les premiers jours, il confiait : « J’ai l’impression que je ne suis jamais parti », soulignant ainsi le lien profond qui l’unit à Bordeaux, club qui l’a révélé après ses formations à Bobigny et Massy. « J’ai toujours su que mon histoire avec Bordeaux n’était pas terminée. Parce que je n’ai jamais demandé à partir, cela n’a jamais été mon choix. J’ai toujours exprimé mon envie de revenir à Bordeaux, dès ma première saison au Racing », affirme-t-il, qualifiant ce retour de « chance et un vœu exaucé ».
À Paris, Woki avait perdu ce qui faisait sa force : son impact balle en main. Cantonné en deuxième ligne, un poste plus discret et défensif, il admettait : « J’arrive à m’adapter. Mais c’est vrai que je suis moins en vue balle en main en deuxième ligne… Si je touche zéro ballon et que je fais 40 rucks, ça me va ». Mais cette adaptation ne lui convenait pas pleinement.
Le tournant s’est produit dès la deuxième journée du Top 14, lors de la confrontation entre le Racing 92 et l’UBB. Ce match, chargé d’émotions, lui a permis de « tourner la page du Racing ». « Si j’ai envie de gagner un titre avec mon club de cœur, Bordeaux, bien sûr qu’il faut tourner la page », déclarait-il. Malgré une défaite lourde, ce fut le début d’une nouvelle ère.
Sous la direction de Yannick Bru, Woki a retrouvé son poste naturel de flanker, où il peut pleinement exprimer sa vitesse, sa lecture du jeu et son dynamisme. Le manager bordelais ne s’en cache pas : « Je pense que c’est un troisième-ligne aile… C’est un joueur de couloir, de vitesse… tout ça s’exprime mieux quand il joue troisième-ligne aile, ou numéro 8 ».
Ce retour à Bordeaux a aussi relancé sa carrière internationale, jusqu’ici marquée par l’irrégularité. Titulaire lors du Grand Chelem 2022, Woki avait ensuite reculé dans la hiérarchie, face à une concurrence féroce. Le Tournoi des Six Nations 2024 avait mis en lumière ses difficultés, notamment quand il avait refusé de jouer le rôle de 24e homme contre le pays de Galles, quittant Marcoussis. Le staff évoquait alors « le besoin de se reposer », tandis que le sélectionneur Fabien Galthié pesait : « Entre un joueur que l’on sent usé et fatigué, et un autre qui est en pleine ascension et confiance, on préfère prendre le joueur frais ».
Malgré cet épisode, sa relation avec le XV de France ne s’est pas rompue. Il a participé à la tournée d’été en Nouvelle-Zélande, marqué un essai à Dunedin, puis retrouvé le groupe en novembre.
À Bordeaux, Woki bénéficie d’un environnement favorable, lui permettant de mieux gérer son corps et sa charge de travail. Yannick Bru souligne l’importance d’une préparation adaptée : « Il a enfin pu souffler : une reprise aménagée, trois semaines de repos, une gestion adaptée à son volume de jeu ».
Mais le changement le plus marquant est intérieur. Woki a mûri et compris que le seul talent ne suffit plus. « On ne peut plus aller sur un terrain comme ça, en détente… Ça n’existe plus », admet-il. Il confie aussi : « J’ai appris à mieux préparer mes matches et surtout à travailler seul, ce que je ne faisais pas avant ».
À seulement 27 ans, Cameron Woki semble avoir traversé plusieurs carrières. En 2023, il avait même confié : « Je ne suis pas passionné par ce sport. C’est mon métier, je l’aime mais pas plus ». Mais à Bordeaux, tout indique que cette histoire est en train de se réécrire — et que l’UBB lui offre bien plus qu’un retour : un véritable nouveau départ.







