Derrière les exploits sportifs, la vie des joueurs expatriés, loin de leur terre natale, est jalonnée de sacrifices souvent méconnus. Installé en France depuis plusieurs saisons, l’ouvreur néo-zélandais Ihaia West se confie sur ces réalités, entre éloignement familial, défis administratifs et tensions conjugales.
Pour les familles venues de Nouvelle-Zélande, la France représente bien plus qu’une distance géographique : c’est un véritable obstacle. « Près de trente heures de voyage séparent les deux pays, un marathon qui limite fortement les allers-retours », souligne West. Lui-même témoigne : « On a eu la chance que ma sœur et sa famille viennent pour Noël. Et la famille de Danielle, ma femme, vient environ une fois par an. »
Pour le reste du temps, ils doivent s’appuyer sur les outils numériques pour rester connectés : « Heureusement, il y a les réseaux sociaux pour parler avec eux le reste du temps. » Pourtant, même cette solution demande une organisation rigoureuse : « Quand c’est le matin ici, c’est le soir là-bas, donc il faut trouver le bon timing chaque semaine pour que notre fils puisse parler avec ses cousins. »
Le voyage retour vers la Nouvelle-Zélande se révèle tout aussi ardu. Ihaia West explique, sans détour : « Au départ, en cinq saisons en France, on n’était rentrés qu’une seule fois, pour le mariage de ma sœur. Il faut plus d’une semaine de vacances pour y aller. Et quand c’est juin et juillet ici, c’est l’hiver là-bas, tout le monde est au travail. Mais avec le petit, on va essayer de le faire. » Entre calendrier sportif chargé et saisons inversées, retourner au pays devient une mission quasi impossible.
Ces difficultés ne se limitent pas aux seuls déplacements. Elles affectent aussi la vie de famille, notamment celle du couple. La femme d’Ihaia West a dû mettre sa carrière entre parenthèses pour suivre son mari en France. « Elle ne peut pas vraiment travailler ici. Elle a dû stopper sa carrière pour me suivre. Elle fait beaucoup de choses à la maison, de la photo », confie le joueur. Pour conserver un équilibre, elle s’est lancée dans une formation de coach santé tout en poursuivant des cours de français, un quotidien bien éloigné de ce qu’elle avait imaginé en Nouvelle-Zélande.
Malgré ces contraintes, l’idée du retour au pays demeure présente. « Parfois, mes parents me glissent qu’une équipe locale a besoin de moi, “mais je réponds non”, rit Ihaia West. » Car, malgré la nostalgie, le couple a trouvé ses marques en France : « Ils savent qu’on aime beaucoup la vie en France, le rugby, etc. Malgré tout, par moments, la famille et le pays nous manquent. Heureusement, on a la chance d’avoir un bon groupe ici, on fait beaucoup de choses ensemble. Le petit Skelton, c’est comme un cousin pour mon fils. »
Ainsi, au-delà des performances sur le terrain, ces expatriés jonglent avec des sacrifices personnels pour construire une nouvelle vie, loin de leur terre natale.






