Le Stade Toulousain a vécu en Écosse une soirée européenne mémorable, mais pour de mauvaises raisons. Après avoir dominé les quarante premières minutes et pris une avance confortable de 21-0 à la pause, les Rouge et Noir ont subi un retournement de situation spectaculaire, encaissant un 28-0 lors du second acte face à des Glasgow Warriors renaissants.
Cette déroute soulève de sérieuses interrogations à moins de deux semaines d’un déplacement crucial chez les Saracens, le 11 janvier.
### De la maîtrise à l’effondrement : un renversement inattendu
Après une première mi-temps maîtrisée de bout en bout, Toulouse s’est littéralement effondré au retour des vestiaires, au point d’être méconnaissable. Julien Marchand a résumé l’ambiance pesante dans le vestiaire : « C’est assez rare dans le rugby, mais c’est déjà arrivé. Je ne sais pas si nous, on l’avait déjà vécu. Peut-être que oui. »
Si les conditions climatiques, marquées par un vent violent, ont pesé sur le match, elles ne suffisent pas à expliquer ce renversement complet de situation.
### Une stratégie inefficace : les pénaltouches, un piège coûteux
Fort d’un vent favorable, le Stade Toulousain avait pour objectif de capitaliser avant la deuxième période. Huit incursions dans les 22 mètres adverses ont pourtant abouti à seulement trois essais, un rendement décevant. L’utilisation répétée des pénaltouches s’est révélée stérile, faisant perdre un précieux temps de jeu sans concrétisation.
Ugo Mola n’a pas caché sa frustration : « On a huit entrées dans leurs 22 mètres et on ne marque que trois fois. C’est trop peu au regard de notre domination. […] La stratégie n’a pas été payante. »
Le centre Kalvin Gourgues a reconnu un manque de pragmatisme : « On aurait pu être plus pragmatiques. C’est peut-être ce qui nous coûte la victoire. »
### Un second acte cauchemardesque : la défense sous pression
Au retour, Glasgow a imposé un rythme infernal que Toulouse n’a jamais réussi à suivre. Toujours en retard et trop haut en défense, les Toulousains ont subi un impact physique intense.
Gourgues a assumé une erreur dans l’approche défensive : « On les a pris un peu trop haut. Du coup, on subissait les impacts. […] Avec le vent en leur faveur, chaque pénalité concédée nous ramenait dans nos 5 mètres. Et on prenait des mauls sur la gueule. »
Pour Marchand, le ton est clair : « On n’a aucune excuse. On a fait trop de conneries en seconde période. […] On n’a pas réussi à être assez raides pour tenir ce match jusqu’au bout. »
### Un banc décevant, une force habituelle absente
Habitué à peser dans la seconde moitié de match, le banc toulousain n’a cette fois pas su inverser la tendance. Les entrées d’Emmanuel Meafou et Joel Merkler n’ont ni apporté la puissance ni stabilisé le jeu.
Ugo Mola a pointé ce manque d’impact : « À l’évidence, notre banc n’a pas amené ce qu’on souhaitait qu’il amène, notamment en termes de puissance et de déplacement. On pensait que le coaching allait nous amener une plus-value, et c’est à ce moment-là qu’on a sombré. »
### Vers une qualification compliquée et un défi majeur à Londres
Toulouse conserve une chance de qualification, mais sa position s’est fortement fragilisée. Troisièmes de leur poule, à quatre points des Glasgow Warriors, les Rouge et Noir doivent impérativement s’imposer face aux Saracens, puis contre Sale, pour espérer décrocher l’avantage du terrain en huitième de finale.
Malgré tout, l’engagement reste intact. Julien Marchand assure : « On a assez d’expérience pour savoir que la compétition n’est pas finie. On a déjà connu des moments difficiles. On va se mobiliser, repartir de l’avant et ne rien lâcher. »
Kalvin Gourgues partage ce même état d’esprit combatif : « S’il faut se déplacer en phase finale, on ira. Et on fera en sorte de se servir de ce match de Glasgow pour ne plus tomber dans le panneau. »







