La Ligue Nationale de Rugby (LNR) prépare une réforme majeure du salary cap en Top 14, avec pour objectif de redistribuer les cartes dans le championnat. Au centre des discussions : un relèvement du plafond salarial à 11 millions d’euros, assorti d’une refonte du système des crédits internationaux, un dispositif offrant aux clubs la possibilité de dépasser ce plafond en fonction du nombre de joueurs sélectionnés en équipe nationale.
Ce chantier sensible, évoqué lors de l’assemblée générale financière à Aix-en-Provence, s’inscrit dans un contexte tendu, notamment après la sanction infligée au Stade Toulousain dans l’affaire Jaminet. Sans vote officiel pour l’instant, les grandes lignes de cette réforme, envisagée pour une mise en œuvre vers la saison 2027-2028, commencent à prendre forme.
Le premier point validé serait une légère hausse du salary cap, de 10,7 à 11 millions d’euros. Une décision qui peut surprendre face à la fragilité financière de certains clubs, dépendants du soutien de leurs actionnaires. La LNR met en avant un argument sportif : ce relèvement permettrait d’élargir les effectifs et de mieux protéger les joueurs face à la densité accrue du calendrier.
Mais le vrai débat porte sur le système des crédits internationaux. Actuellement, chaque joueur international listé en catégorie Premium ouvre droit à un crédit de 180 000 euros, avec un bonus pour les joueurs de rugby à VII. Ce mécanisme profite particulièrement au Stade Toulousain qui, avec quinze internationaux, peut largement dépasser le plafond salarial légal tout en respectant la réglementation.
Cet avantage soulève des inquiétudes au sein de la Ligue. Comme le souligne un dirigeant auprès de Sud-Ouest, « Il ne faut pas aborder le sujet en les morcelant. Il faut trouver un équilibre global entre le plafond principal et les crédits de compensation. » L’objectif est clair : réduire les écarts sans nuire à la formation ni à l’excellence sportive.
Un président de club résume la situation : « Il faut limiter l’écart qu’il peut y avoir entre ceux qui ont la possibilité d’avoir le plus de crédits et les autres. » Derrière ces mots se cache la volonté de freiner l’hégémonie de clubs comme Toulouse.
La piste privilégiée est celle d’un système de crédits dégressifs. Concrètement, le premier international serait mieux valorisé, tandis que le montant accordé diminuerait pour chaque joueur supplémentaire. « La méthode aboutirait à une réduction de fait du volume des crédits pour les clubs qui ont beaucoup d’internationaux, mais de façon proportionnelle », précise l’entourage de la LNR.
Les détails restent à définir, mais un scénario circule : un crédit initial de 210 000 euros pour le premier international, suivi d’une baisse de 15 000 euros par joueur additionnel. Ce modèle plafonnerait l’avantage autour de quatorze internationaux.
Pour le Stade Toulousain, l’impact serait tangible : son enveloppe de crédits internationaux, actuellement estimée à 2,7 millions d’euros, tomberait à 1,6 million, soit une perte de plus d’un million d’euros de salary cap. Toutefois, la LNR assure que la transition se fera en douceur. « Elle aura tout de même le temps de se retourner », assure un président de Top 14. « Ils ne perdront pas tous leurs crédits d’un coup. »
Le message est clair : Toulouse devra adapter son modèle économique sans subir de rupture brutale. Cette réforme vise avant tout à resserrer les écarts pour préserver l’équilibre du championnat. Un nouveau bras de fer s’annonce, cette fois-ci loin des terrains, autour d’un salary cap devenu l’enjeu majeur du rugby professionnel français.
Affaire à suivre…







