Porté par une large victoire face aux Scarlets (50-21), l’Union Bordeaux-Bègles a retrouvé des couleurs samedi à Chaban-Delmas. Mais au-delà du score, un nom s’impose désormais dans le paysage girondin : celui de Temo Matiu. Match après match, le troisième ligne change de statut et s’impose comme un élément incontournable.
Face aux Gallois, s’il n’a pas marqué d’essai malgré une action proche des poteaux arrêtée de justesse, son intervention en fin de rencontre a été décisive. En contrant une touche à cinq mètres de la ligne, il a stoppé la dernière offensive adverse, assurant ainsi le bonus offensif bordelais. Un geste discret mais crucial.
Sur l’ensemble du match, Matiu a brillé par son activité constante. Avec six ballons captés en touche, 41 mètres gagnés ballon en main — un record chez les avants de l’UBB — et un sans-faute au plaquage (10 plaquages réussis sur 10 tentatives), sa performance a impressionné son manager. « Si c’est moi qui vote, je lui donne le titre d’homme du match », confiait Yannick Bru à Sud-Ouest, tout en saluant la prestation du lauréat officiel, Matthieu Jalibert.
Cette montée en puissance n’est pas un hasard. La semaine précédente, à Pretoria, le Bordelais s’était déjà distingué lors du succès contre les Bulls (33-46). « Le match qu’il fait la semaine dernière à Pretoria, c’était aussi une masterclass », rappelait Bru. Notons qu’à chaque fois, Matiu évoluait au poste de numéro 8.
Habituellement flanker, le joueur formé à Biarritz bénéficie de la blessure de Marko Gazzotti pour s’installer au cœur de la troisième ligne, un rôle qui lui réussit. « Temo fait partie des joueurs qui progressent énormément », souligne Yannick Bru, mettant en avant deux qualités majeures : « la touche et la vitesse ». Des atouts déjà visibles lors de son passage au Biarritz Olympique, où il jouait principalement en numéro 8 et occasionnellement à l’aile.
Arrivé à Bordeaux avec l’idée d’une montée en puissance progressive sur « 12 à 18 mois », Matiu a accéléré les étapes. Tardif dans le rugby après un long parcours en basket, le jeune joueur a vu sa progression freinée la saison passée par deux commotions et une blessure à l’épaule. Malgré cela, il totalise déjà 20 apparitions.
Lors de l’intersaison, conseillé par le staff, le joueur de 24 ans a pris entre cinq et six kilos pour se renforcer physiquement. Le résultat est net. « Il est percutant, plus dur, plus dominant dans les contacts », note Yannick Bru. Même constat chez Martin Page-Relo, qui le décrit « dans une forme exceptionnelle ». Ce renfort tombe à point nommé alors que le secteur est affaibli par les absences de Pierre Bochaton, Lachlan Swinton et Jean-Luc du Preez.
Reconnue dans le vestiaire, sa progression se conjugue avec la confiance de ses coéquipiers. « C’est un athlète de classe spéciale », affirme Bastien Vergnes-Taillefer. « Il a des mains, comprend le rugby, et il est de plus en plus féroce. Un sacré joueur qui apprend, qui est besogneux. » Discret et peu loquace, le fils de l’ancien international Legi Matiu avance avec constance, sans faire de bruit.
Déjà intégré dans le groupe élargi du XV de France en novembre 2024, puis convoqué lors du dernier Tournoi, Temo Matiu sait que la concurrence est rude en troisième ligne. Mais au poste de numéro 8, derrière Grégory Alldritt, les places restent accessibles. Comme Gazzotti ou Lenni Nouchi, il pourrait s’imposer. Yannick Bru prévient : « Attention à Temo dans le futur. »







