Le couperet est tombé pour le Stade Toulousain, mais le malaise persiste. Neuf mois après avoir réglé 1,3 million d’euros à la Ligue nationale de rugby (LNR) à l’issue d’une médiation, le club a vu son dossier disciplinaire connaître un nouveau chapitre. La sanction est tombée : deux points retirés immédiatement au classement, deux autres avec sursis, ainsi qu’une amende de 45 000 euros. Si cette décision clôt officiellement la procédure, elle ne dissipe pas les tensions internes qu’elle a ravivées.
Au-delà des montants et des points, c’est la nature même de la sanction qui interroge au sein du club. L’affaire remonte à l’été 2022, lorsque l’A2R (Association de régulation et de contrôle du rugby professionnel) a saisi la commission de discipline en raison de doutes sur la sincérité des déclarations comptables entourant le transfert de Melvyn Jaminet. Conscient des enjeux, le Stade Toulousain savait qu’il évoluait sur une ligne de crête. Les risques évoqués dépassaient largement un simple retrait de points, incluant des interdictions de recrutement, une exclusion des phases finales, voire une rétrogradation.
L’issue annoncée lundi après-midi n’a pas provoqué de vague de soulagement. Elle n’a pas non plus suscité un vaste sentiment d’injustice. Elle a surtout mis en lumière un paradoxe profond : un club qui reconnaît des erreurs administratives, mais refuse de subir une double peine.
Avant même la décision, le Stade Toulousain avait clairement défendu sa position, affirmant vouloir « démontrer l’illégalité et l’absence de fondement de cette nouvelle procédure disciplinaire » et estimant que « la coexistence d’instances et de règlements multiples au sein de la LNR ne peut servir de prétexte pour sanctionner une seconde fois le Stade toulousain à raison des mêmes faits ». Pour la direction du club, le règlement de la médiation financière au printemps devait constituer une clôture définitive de ce dossier.
Pourtant, l’A2R a jugé que deux cadres réglementaires distincts avaient été enfreints : le salary cap et la régulation financière. Sur cette base, la commission disciplinaire a estimé qu’une nouvelle sanction était légitime, tout en prenant en compte la lourde contribution financière déjà versée par le club.
Cette subtilité, reconnue par l’instance disciplinaire, alimente aujourd’hui la réflexion toulousaine. Le club n’exclut pas de faire appel, que ce soit devant la commission d’appel fédérale, le CNOSF ou, en dernier recours, le Tribunal arbitral du sport. Une décision doit être prise rapidement, mais la position définitive reste encore à définir.
Sur le plan humain et politique, les répercussions restent limitées. Si Didier Lacroix sort fragilisé sur le plan de l’image, son autorité interne demeure intacte. Réélu récemment, fort d’un palmarès sportif conséquent, le président conserve le soutien de son vestiaire. Thomas Ramos l’a exprimé sans détour : « Aujourd’hui, on est dans un monde où tout est commenté et analysé. Mais les gens parlent parfois sans connaître les situations. […] Je pense que beaucoup de personnes ont été très dures avec notre président. »
Concrètement, le groupe professionnel est resté à l’écart de ce dossier. Le jour même de l’annonce, les joueurs s’entraînaient, focalisés sur la suite sportive. Néanmoins, le retrait de deux points a eu un impact immédiat : Toulouse a perdu sa place de leader du Top 14. Ce recul, à la fois symbolique et tangible, constitue néanmoins un moteur supplémentaire dans une saison où le club doit défendre son image autant que ses ambitions sportives.
La procédure est donc close juridiquement. Dans les esprits, elle continue de faire son chemin.







