Grégory Patat reste à l’Aviron Bayonnais, officiellement lié au club jusqu’en 2028. Mais derrière cette prolongation, le souffle stratégique semble avoir changé au sein du club basque. Ce renouvellement apparaît plus comme une « stabilisation de façade » dans un organigramme où les lignes de pouvoir ont déjà été redessinées.
Depuis plusieurs mois, les décisions majeures échappent au manager sportif. La direction, désormais maître du jeu, trace sa propre route, anticipe l’avenir et verrouille les choix essentiels sans que Patat ne soit systématiquement associé, bien que ces décisions concernent directement son quotidien.
Cette nouvelle organisation est particulièrement visible sur le plan sportif. L’arrivée de Thibault Giroud, en provenance de l’UBB et prévue pour 2027, a été décidée sans concertation avec Patat. Ce dernier souhaitait pourtant continuer avec Loïc Louit, un pilier de son staff et fidèle collaborateur. Finalement, Louit prolongera son contrat d’un an pour assurer la transition, mais la trajectoire est clairement définie ailleurs.
À la touche, la situation est similaire. Stéphane Barberena, proche de Patat, arrive en fin de contrat sans qu’aucune discussion n’ait été entamée. Le club a exploré d’autres pistes, sondant notamment Baptiste Chouzenoux avant de se tourner vers une solution interne, Jean Monribot, actuel entraîneur des Espoirs. Là encore, Patat est tenu à l’écart du processus.
Cette nouvelle hiérarchie se manifeste aussi dans les contrats. La récente prolongation de Gerard Fraser jusqu’en 2030 en est un symbole fort. Entraîneur des trois-quarts et très apprécié en interne, Fraser dispose désormais d’un contrat plus long que son manager. L’annonce officielle le qualifiait de « membre crucial du staff bayonnais », une reconnaissance que Patat n’a jamais reçue dans ces termes.
Ce décalage traduit une relation tendue avec le président Philippe Tayeb. À l’automne, une phrase prononcée par ce dernier a marqué les esprits en interne : « Si je t’ai prolongé, c’est juste parce que tu avais l’opinion publique avec toi. »
Sur le terrain du recrutement, la position de Patat reste affaiblie. Il a dû se battre pour conserver Manu Tuilagi et Facundo Bosch, sans réussir à faire entendre sa voix sur le dossier Alexander Moon, parti à l’UBB.
Sportivement, l’Aviron tient son objectif présidentiel, à savoir le top 8, mais les résultats à l’extérieur sont inquiétants. Avec près de cinquante points encaissés en moyenne sur les six derniers déplacements, l’équilibre du groupe reste fragile. La belle série à domicile et le retour attendu de plusieurs cadres en janvier masquent à peine une réalité plus profonde.
Chez Bayonne, cette prolongation de Grégory Patat n’a donc pas redéfini son autorité. Elle a surtout officialisé un nouveau schéma : un manager sous contrat long, mais « sans levier réel sur la stratégie globale », évoluant dans un club où le centre de gravité s’est clairement déplacé.







