Mathieu Raynal, ancien arbitre international et figure emblématique de l’arbitrage français, ne mâche pas ses mots depuis qu’il a raccroché le sifflet. Aujourd’hui responsable de la cellule haute performance de l’arbitrage, un dispositif conjoint de la Fédération Française de Rugby (FFR) et de la Ligue Nationale de Rugby (LNR), il s’attaque résolument à un fléau qui menace, selon lui, l’ADN du rugby : les simulations exagérées de blessures.
Longtemps cantonnées au football, ces mises en scène se multiplient désormais sur les pelouses du Top 14, provoquant la colère de Raynal. « La consigne est très claire : si la simulation est claire et avérée, c’est carton jaune, il n’y a aucun problème », affirme-t-il sans ambiguïté dans Midi Olympique. « C’est tracer une ligne jaune et dire que notre sport ne doit pas aller au-delà. Si c’est une simulation avérée, on ne discute pas là-dessus. »
Au-delà des sanctions immédiates, Raynal veut faire évoluer les mentalités et instaurer un dialogue transparent entre arbitres et entraîneurs, en s’appuyant sur des preuves concrètes. « Je ne dirai pas de quel club il s’agit mais j’ai des séquences vidéo sur lesquelles on voit très clairement un médecin aller sur le terrain et demander au joueur de se remettre au sol et de se tenir la tête alors que ce dernier s’était relevé de lui-même », révèle-t-il. Objectif : confronter les acteurs à leurs responsabilités. « Je veux que tout le monde voie cela et demander au coach concerné si l’intérêt général de notre sport va dans cette direction. Il faut d’abord faire appel à l’honnêteté intellectuelle de chacun. »
La mise en garde est explicite. Si ces pratiques perdurent après cette phase de dialogue, les sanctions seront renforcées, avec à la clé « une possible exclusion du joueur », prévient-il.
Cette tolérance zéro intervient dans un contexte particulièrement sensible. Les simulations se produisent souvent à la suite de chocs à la tête, un enjeu majeur pour la sécurité des joueurs. En Top 14, une commotion cérébrale est détectée en moyenne tous les 2,5 matchs, un chiffre qui a contraint la LNR à durcir ses protocoles. Parmi les innovations, les protège-dents connectés font désormais partie de l’équipement, permettant de mesurer en temps réel la force des impacts et de retirer immédiatement un joueur s’il dépasse un seuil critique, même sans symptôme visible.
Pour Raynal, il s’agit de préserver un équilibre fondamental : « C’est quelque chose de primordial pour notre sport, qui doit garder ses valeurs », souligne-t-il. Son message, ferme et clair, s’impose aujourd’hui comme un appel à l’intégrité et au respect dans le rugby français.







