Le pilier droit Georges-Henri Colombe a entamé un nouveau chapitre de sa carrière cet été en rejoignant le Stade Toulousain, après un passage compliqué à La Rochelle. À 27 ans, double champion d’Europe (2022) et neuf sélections avec le XV de France, “GH” cherche à relancer sa trajectoire après une fin de saison 2023 marquée par un temps de jeu réduit et une tournée difficile en Nouvelle-Zélande.
Quatre mois après la reprise, il confie : « Il a fallu reprendre le rythme déjà et puis je n’ai pas été épargné par les blessures. Une petite déchirure, une entorse aux cervicales, donc je reprends le rythme au fur et à mesure et puis j’essaye de prendre le plus de plaisir possible. »
Son passage à La Rochelle a été ponctué par un dilemme sportif et personnel. Malgré 11 apparitions la saison dernière, il n’a été titularisé que deux fois, et ne figure plus sur les feuilles de match depuis mars. « Bonne question, bonne question (…) choix du coach (Ronan O’Gara). Il a préféré faire jouer les gars qui restent au club, ce que je comprends. Après, forcément frustrant pour un joueur qui a envie de jouer tous les matchs mais voilà, c’était un choix de coach », explique-t-il. Faute de dialogue avec le staff, la situation a fini par s’enliser. « Le dialogue était rompu donc c’est compliqué, dans ces conditions. »
Cette mise à l’écart est également liée à son départ programmé vers Toulouse. « Il a préféré consacrer du temps de jeu aux jeunes et aux joueurs qui restaient. Je peux comprendre, mais c’est forcément frustrant pour moi. »
Malgré cette période sans compétition en club, Colombe a connu la sélection nationale en juillet dernier, où il a été titularisé lors du deuxième test en Nouvelle-Zélande. Un défi relevé dans des conditions loin d’être idéales. « On n’a pas trop échangé avant. De plus en plus maintenant, j’échange avec William (Servat), mais on n’avait pas trop échangé. Ils connaissaient la situation. C’était un choix de leur part que j’ai respecté et c’est toujours un plaisir d’aller en équipe de France. Forcément, l’envie de jouer, malgré le peu de temps de jeu que j’avais en club. »
Le contraste entre l’absence de compétition et un affrontement face aux All Blacks a été brutal : « C’est ça, surtout avec une équipe comme celle des Blacks, qui est l’une des meilleures nations au monde, de plus en plus chez eux. Donc forcément, un match compliqué pour ma part. Après, j’ai donné ce que j’avais à donner et je me suis remis au travail ici, à Toulouse. » Il reconnaît son niveau du moment : « Forcément, frustré et déçu de la prestation que j’ai présentée. Mais voilà, c’est ce que j’avais dans les jambes. »
L’arrivée au Stade Toulousain, club mythique et exigeant, s’est elle aussi faite dans la douleur. « Comme je t’ai dit, premier match, première blessure. C’est un rythme à prendre. (…) Forcément que ça te fait un peu peur, mais personnellement, j’avais l’envie et j’ai l’envie de performer et de gagner des titres ici. » Le message d’encouragement d’Ugo Mola, l’entraîneur, a été clair : « De ne pas lâcher, de me donner à 100% et que les efforts finiront par payer. »
Interrogé sur sa blessure aux cervicales subie face à Toulon, lors d’un choc intense avec Ma’a Nonu, Colombe se souvient : « Ça pique. Quand tu te dis qu’un mec de 43 ans qui fait 110 « barres » te rentre dedans et que tu ne t’y attends pas, forcément que ça pique un peu. » Malgré la douleur, il assume et veut avancer : « Après, c’est passé et il faut prendre son mal en patience. Travailler pour revenir au plus tôt et au plus fort. »
Sur sa gestion mentale, il confie avoir été honnête avec le staff tricolore. Avant la tournée de novembre, il a clairement fait savoir ne pas se sentir prêt à revenir en équipe de France. « Je ne me sentais pas prêt, au vu de la tournée que j’avais passée, de retourner en sélection et ne pas être prêt. Je n’avais pas envie de revivre l’expérience que j’ai vécue en Nouvelle-Zélande. C’est difficile mentalement. Et puis physiquement, tu as du retard par rapport aux autres. (…) Je n’avais pas envie de revivre ça, c’est tout simplement ça. » Son ambition reste intacte : « L’objectif, c’est d’y aller et d’être en forme. Donc je continue à bosser pour ça. »
Colombe aborde également son poste de pilier droit, qu’il décrit comme un « monde à part ». “C’est vraiment un monde à part où il faut vraiment aimer ça et se plonger dans le truc depuis le début.” Il insiste sur la spécificité de la mêlée, où, selon lui : « C’est le fer de lance de la mêlée. La mêlée, c’est un sport de trois, et de huit. On dit beaucoup les piliers droits, mais en général, c’est un pack qui fait la mêlée. »
L’expérience, selon lui, est cruciale dans cette fonction. « Plus tu joues, plus tu as d’expérience, mieux tu te sens. » Il apprécie d’ailleurs l’aspect physique et mental de ce rôle exigeant : « L’affrontement, le fait de pouvoir faire mal à ton vis-à-vis, physiquement et mentalement. (…) Il faut aimer ça pour y aller. »
Ses rencontres marquantes en mêlée l’ont fait côtoyer des légendes du poste, comme Census Johnston, Luc Ducalcon ou Uini Atonio, « c’est clairement une référence au poste. »
À court et moyen terme, Georges-Henri Colombe a des objectifs clairs : « Jouer le plus possible ici, au Stade Toulousain, gagner le plus de titres possibles et retourner en équipe de France, au meilleur niveau que je peux donner. » Avec en ligne de mire, la Coupe du monde en Australie en 2027 : « Oui, c’est l’objectif. C’est pour ça que je travaille tous les jours. »
Après une carrière en dents de scie, entre blessures et phases difficiles, le pilier se concentre désormais sur la reconstruction, dans un club où il espère retrouver le plaisir et la réussite. « Chaque jour, je m’estime de mieux en mieux. Tu as envie et je sens personnellement que je progresse de jour en jour. Et voilà, j’ai constamment envie de jouer et de prendre du plaisir sur le terrain. »







