Le Stade Toulousain, un phénomène rare dans le rugby : plus il est attaqué, plus il se relève avec vigueur. Une semaine après une défaite frustrante à Glasgow et un coup dur avec la perte de deux points suite à l’affaire Melvyn Jaminet, les Rouges et Noirs ont débarqué à Lyon avec une rage de vaincre manifeste. Le score final sans appel, 19-41, envoie un signal fort avant un prochain déplacement crucial à La Rochelle. Même intensité, même menace pour les adversaires.
**La colère, moteur de la résilience toulousaine**
Depuis toujours, le Stade Toulousain construit ses plus grandes victoires sur la sensation d’être constamment pris en étau, comme s’il évoluait seul contre tous. Face au LOU, le contexte était explosif : un revers européen dans les jambes, une sanction disciplinaire pesante, et une atmosphère électrique. Résultat, une prestation de référence, marquée par une agressivité maîtrisée, une intensité physique écrasante et un rythme imposé dès les premières minutes. Toulouse avait besoin d’un exutoire : il l’a trouvé.
Sur la pelouse de Gerland, Ugo Mola a délivré ce que plusieurs joueurs ont qualifié “d’électrochoc verbal” lors d’un rassemblement en cercle au milieu du terrain. Le manager a lancé : « Tout le monde dégueule sur notre président, sur notre club, sur tout le monde ». Puis, avec une détermination palpable : « Après les mecs, je vous l’ai dit toute la semaine et depuis un petit moment : Notre seul mode d’expression, c’est ce putain de rugby. Il n’y a que le rugby qui compte. Le reste, ça ne sert à rien. Pas de petite phrase. On rentre à la maison. On prend l’avion. On passe un bon Noël et on se prépare pour le week-end prochain. »
Le message était clair : répondre par le terrain. Et ils l’ont fait avec brio.
**Un historique qui confirme la méthode**
Ce retour puissant n’est pas une surprise. Toulouse a prouvé à maintes reprises qu’il savait transformer la frustration en arme redoutable. La saison dernière, après une élimination en Champions Cup contre l’UBB, le Stade avait écrasé Toulon au Vélodrome sur le score fleuve de 50-16. En octobre dernier encore, après un revers à Bayonne, l’équipe bordelaise avait encaissé 56 points au retour. La règle est invariable : vexez les Toulousains, et ils répondent par une tempête de jeu.
Karim Ghezal, manager du LOU, résumait cette évidence après la rencontre avec lucidité : « On n’est pas invités avec eux quand ils sont énervés. On ne joue pas dans la même cour. On jouait une équipe qui a remporté cinq des six derniers titres et qui sera championne à la fin de la saison. » Une phrase empreinte de fatalisme.
**Une culture interne obsédée par la revanche**
Dans les vestiaires rouges et noirs, la défaite n’est jamais neutre. Ange Capuozzo l’exprime sans détour : « La défaite nous remet tous en question individuellement sur notre façon d’aborder les matches. […] Quand ça perd, forcément qu’on cherche à savoir ce qui n’a pas fonctionné. Donc oui, il y a toujours un surplus de motivation. »
Clément Poitrenaud partage cette analyse : « C’est un état d’esprit. […] Cette défaite à Glasgow, ajoutée au fait qu’on n’avait pas gagné à Lyon depuis très longtemps, a fait que les mecs se sont jetés dans la bataille de manière très déterminée. Franchement, on a fait le job. »
**Mauvais timing pour La Rochelle**
Dimanche, au Stadium, ce sera donc un combat de titans. La Rochelle devra affronter un Stade Toulousain galvanisé par les tempêtes traversées, une équipe qui, dès qu’elle se sent attaquée, devient presque injouable. Un défi de taille pour un adversaire qui s’avance dans un contexte hors norme.







