Qui diffusera le Tournoi des Six Nations en France de 2026 à 2029 ? Alors que l’appel d’offres devrait être lancé dans les prochains jours, la compétition suscite un intérêt grandissant des chaînes de télévision. France Télévisions, diffuseur historique, voit émerger de sérieux challengers, TF1 et M6, qui rêvent de récupérer ce joyau du rugby international.
Ce samedi, le quotidien L’équipe fait un point sur ce dossier bouillant.
Un appel d’offres encore incertain
Juridiquement, la société commerciale du Six Nations n’est pas obligée d’organiser une mise aux enchères. Si elle trouve un accord direct avec un ou plusieurs diffuseurs, un contrat pourrait être signé sans appel d’offres. Une option confirmée par Florian Grill, président de la Fédération française de rugby (FFR) : « Pour le moment, il y a des discussions collatérales mais pas d’appel d’offres lancé. En fonction du résultat de ces échanges, le Six Nations décidera de le faire ou non. »
Mais la FFR a-t-elle réellement son mot à dire ? Pas vraiment, à en croire Grill : « La décision finale appartient vraiment au Six Nations. Après, on peut donner une recommandation, mais elle n’est pas forcément suivie d’effet. »
Un enjeu financier crucial pour la FFR
La renégociation des droits télévisés du Tournoi arrive à un moment clé pour la FFR, en grande difficulté financière. L’instance espère une augmentation substantielle du montant des droits pour renforcer son influence dans le partage des revenus du Tournoi.
Actuellement, la France ne perçoit que 16 % des revenus générés par l’épreuve, alors qu’elle contribue à hauteur de 26 %. Une répartition jugée injuste par Grill : « À titre de comparaison, les Anglais touchent 31 % des revenus globaux du Tournoi. Donc si les droits télé augmentaient au total de 20 %, on ne toucherait que 16 % de ces 20 %. » Une réévaluation des revenus télévisés permettrait ainsi à la FFR d’améliorer sa position dans cette clé de répartition.
France Télévisions sous pression, TF1 en embuscade
Pour le cycle actuel (2023-2025), France Télévisions verse un peu plus de 30 millions d’euros par édition. Un chiffre qui pourrait grimper, mais le groupe audiovisuel public traverse une période d’austérité budgétaire. Avec une dotation amputée de 72 millions d’euros, certains en interne s’interrogent sur la capacité de France Télévisions à aligner une offre concurrentielle. « On nous demande des économies quotidiennement, et là, il faut investir un gros montant sur quatre ans au lieu de trois », confie une source interne.
De son côté, TF1 y croit plus que jamais. La première chaîne, qui a récupéré la Coupe du monde masculine et la tournée d’automne, voit dans le Tournoi une opportunité stratégique pour devenir la référence du rugby à la télévision. Un journaliste du groupe confie : « En général, quand c’est plié ou qu’il n’y a aucune chance, on le sait assez vite. Là, c’est silence radio, cela donne de l’espoir. »
L’intérêt de TF1 est d’autant plus fort que M6 diffusera les Coupes du monde de football 2026 et 2030. Récupérer le Tournoi des Six Nations serait une compensation idéale pour renforcer son ancrage dans le sport.
L’audience, atout majeur de France Télévisions
Malgré ces incertitudes financières, France Télévisions dispose d’un argument de poids : l’audience record du dernier Tournoi. Les matchs du XV de France ont rassemblé 7,3 millions de téléspectateurs en moyenne (45,7 % de part d’audience), avec un pic à 9,5 millions lors du France-Écosse (35-16).
Même les rencontres sans les Bleus ont attiré 2,7 millions de téléspectateurs en moyenne, un record historique. Le Tournoi féminin est également en progression, avec 1,8 million de spectateurs de moyenne en 2024, et un pic à 2,5 millions pour France-Angleterre.
Un scénario à l’anglaise pour maximiser les droits ?
Si le montant des droits doit exploser, une solution pourrait émerger : partager la diffusion entre TF1 et France Télévisions, comme le font ITV et la BBC au Royaume-Uni. « Le seul moyen d’obtenir un bon deal serait un partage des matches », confie un expert du dossier.
La décision finale ne devrait plus tarder. Entre enjeux financiers, stratégies d’audience et batailles d’influence, le Tournoi des Six Nations s’apprête à changer de dimension sur le marché audiovisuel français.
