Le Montpellier Hérault Rugby a lancé une offensive médiatique pour dénoncer l’état de délabrement avancé de son enceinte actuelle, le Septeo Stadium, ex-Yves-du-Manoir. Dans une vidéo choc diffusée sur ses réseaux sociaux, le club pointe du doigt des installations jugées « vétustes, sales et dangereuses ».
D’une durée de 2 minutes et 38 secondes, le clip publié ce samedi ne laisse que peu de place au doute. Images à l’appui, on y découvre les coulisses d’un stade en grande souffrance : murs fissurés, infiltrations d’eau, rouille omniprésente, clous dépassant dans les vestiaires, sièges détériorés ou encore une sonorisation à bout de souffle. Même la pelouse, régulièrement pointée du doigt pour sa qualité médiocre — elle a été classée avant-dernière par la Ligue nationale de rugby — fait l’objet d’un gros plan peu flatteur.
Face à ce constat, plusieurs voix internes au club s’élèvent pour interpeller les pouvoirs publics. « La métropole ne prend pas la mesure des efforts à faire », déplore Sylvie Sidobre, présidente des supporters du MHR. Du côté du staff médical, Jacques Giordan, médecin emblématique du club, ne mâche pas ses mots : « Ce stade vieillit mal et ça n’irait hélas qu’en empirant. Il faudrait envisager de grands travaux. »
Une pression politique assumée
Derrière ce coup de projecteur, une stratégie claire : contraindre la métropole à bouger. En toile de fond, un bras de fer qui dure depuis plusieurs années entre le président du club, Mohed Altrad, et les autorités locales. Le milliardaire d’origine syrienne porte un projet ambitieux de reconstruction : un nouveau stade moderne intégré à un véritable village rugby. Coût estimé : 200 millions d’euros.
Un projet XXL mêlant immobilier et infrastructure sportive de haut niveau, que l’homme d’affaires défend ardemment. Mais jusqu’ici, les discussions avec les élus n’ont pas permis de concrétiser ses ambitions. D’où cette volonté de médiatiser la vétusté des lieux pour mettre les décideurs face à leurs responsabilités.
La réponse ferme de la municipalité
Du côté de la mairie, on rappelle que le club bénéficie déjà d’un soutien important. Le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, a récemment tenu à recadrer les choses : « Le club du MHR appartient aux Montpelliérains. Il existait avant M. Altrad. Il joue un rôle que je salue. Le stade est un bel outil et nous aidons le club. Nous y consacrons plus de 1,50 million d’euros d’argent public chaque année. »
Un discours qui n’apaise pas les tensions, tant la direction du MHR semble déterminée à obtenir gain de cause. Selon plusieurs sources proches du dossier, la publication de cette vidéo ne serait que la première étape d’une campagne de communication plus large pour remettre la question de la nouvelle enceinte au cœur du débat public local.
Le rugby montpelliérain en quête d’un nouveau souffle
Inauguré en 2007 et rénové à plusieurs reprises, le stade montpelliérain ne répondrait plus, selon le club, aux standards d’un prétendant aux titres nationaux et européens. À l’heure où plusieurs clubs du Top 14 investissent dans des infrastructures de dernière génération, le MHR veut lui aussi franchir un cap.
La bataille est désormais lancée entre ambition sportive et gestion politique. Et si l’avenir du club sur le terrain se jouera comme toujours avec le ballon ovale, celui de ses infrastructures se dispute désormais à coups de vidéos virales et de déclarations publiques.
