Battu à trois reprises par les All Blacks – Dunedin (31-27), Wellington (43-17) puis Hamilton (29-19) ce samedi – le XV de France version estivale repart bredouille au tableau d’affichage, mais pas sans enseignements.
Sans ses cadres laissés au repos, le groupe rajeuni a alterné résistance, limites collectives et belles révélations individuelles au fil d’un périple du Sud au Nord de l’archipel néo-zélandais.
Sans les étoiles, pas de miracles
Privés de nombreux leaders (Dupont, Ntamack, Ramos, Bielle-Biarrey, Penaud, Mauvaka, Marchand, Alldritt…), les Bleus n’espéraient pas rééditer l’exploit historique de 1994, seule tournée victorieuse en terre néo-zélandaise. Fabien Galthié visait néanmoins un succès sur les trois rendez-vous.
L’occasion s’est présentée d’entrée : vexés par la presse locale les qualifiant de « touristes », les Français ont frôlé l’exploit à Dunedin face à des All Blacks encore en rodage. Une semaine plus tard, changement total de décor : à Wellington, le pack tricolore de néophytes a été étouffé par la réaction noire.
À Hamilton, des All Blacks « bis » ont longtemps bafouillé et été malmenés par des Bleus réalistes avant de renverser la rencontre en fin de match, privant les visiteurs d’un succès symbolique pour clore la tournée.
« Durant cette tournée, j’ai appris que n’importe quelle équipe de France pouvait relever le défi néo-zélandais », a insisté le capitaine Gaël Fickou. « Ce n’est que partie remise », a promis le centre du Racing (96 sélections).
Guillard, Le Garrec, Attissogbe ont marqué des points
Au‑delà du score, plusieurs joueurs se sont affirmés. Brillant lors des premier et troisième tests, Mickaël Guillard – deuxième ligne lyonnais reconverti en n°8 – a impressionné par son activité, son impact balle en main et sa densité défensive.
À 24 ans et 12 sélections, il frappe à la porte du très haut niveau… au point de pousser un jour la concurrence avec le Rochelais Grégory Alldritt dans l’équipe « premium » ?
Autre confirmation : Nolann Le Garrec. Aligné sur les trois matchs, le demi de mêlée de 23 ans (ex-Racing, désormais Rochelais) a montré qu’il valait bien plus qu’une doublure d’Antoine Dupont, alternant tempo, animation et précision au pied.
Sur les ailes, le Palois Théo Attissogbe (20 ans), utilisé sur toute la tournée et capable aussi de couvrir l’arrière, a brillé sur chacune de ses prises de balle, se posant en concurrent crédible des fusées habituelles Damian Penaud et Louis Bielle-Biarrey.
Dans leur sillage : Émilien Gailleton (Pau) et Joshua Brennan (Toulouse) ont également scoré des points, tandis que Fickou a assumé avec sérieux le brassard.
Une belle image renvoyée
Critiqués dès leur arrivée pour être venus sans leurs stars, les Bleus ont répondu par l’engagement. Jamais ridicules, ils ont fait douter leurs hôtes à Dunedin puis à Hamilton.
Le sélectionneur néo-zélandais Scott Robertson n’a pas manqué de saluer l’effort : « Je tiens à les féliciter après leur longue saison de onze mois. Ils sont venus ici, ont quitté l’été pour notre bel hiver et faire une telle performance, ils ont de quoi être fiers. »
Interrogé sur ce qu’aurait changé la présence des cadres, Fabien Galthié a refusé toute comparaison. « Ce n’est pas le moment, a-t-il répondu. C’est gênant de parler de ça avec les gars qui se sont battus pendant cinq semaines pour relever le défi. Il faut quand même respecter ces joueurs qui ont été exceptionnels, valeureux et solidaires. »
Un an après un retour d’Argentine parasité par les affaires Jaminet et Auradou – Jegou, les Tricolores regagnent la France avec une image renforcée, sur et en dehors du terrain. Le voyage fut long ; le retour, lui, s’annonce plus serein.
