En demi-finale du Mondial U20, l’équipe de France des Moins de 20 ans savait qu’avant même le coup d’envoi, un défi psychologique les attendait : affronter le haka des Baby Blacks. Depuis deux ans, ce rituel est au centre des débats chez les jeunes sélections.
En 2023, sa durée de plus de deux minutes avait agacé les adversaires. L’an dernier, la FFR avait même demandé qu’il ne dépasse pas 90 secondes, après une version d’1 min 40 jugée trop longue face au Pays de Galles.
Mais la polémique ne portait pas que sur le temps. Les gestes tranchants et les regards appuyés avaient été perçus comme trop agressifs. « Il y a des comportements visuels qui sont pas loin d’être similaires. En 2024, on doit continuer à respecter ce rite-là, mais les Néo-zélandais doivent le faire de façon plus sportive qu’agressive », avait prévenu l’ancien coach Sébastien Calvet.
Préparer les jeunes à la pression émotionnelle
Cette génération 2005-2006, rassemblée en Italie, ne prenait pourtant pas le haka à la légère. « Le haka ou les Blacks, ça ne change rien », assurait le Rochelais Gabin Garault (19 ans). Mais le staff avait anticipé la charge émotionnelle. « On s’est quand même préparé à ce haka qui peut générer beaucoup d’émotions chez les mecs, surtout les nouveaux », confiait Fabien Brau-Boirie.
L’entraîneur Cédric Laborde avait même organisé un atelier pour analyser ce rituel : « Qu’est-ce qu’il faut garder, et qu’est-ce qu’il vaut mieux éviter ? (…) Quel est, selon vous, l’objectif du haka pour les Néo-Zélandais ? Quelles intentions ils mettent dedans ? Quel effet ça doit avoir sur l’équipe adverse ? »
Sur le tableau blanc, des mots clés : “intimider”, “déstabiliser”, “resserrer”, mais aussi un rappel : « ne pas porter trop d’attention ».
La parole aux joueurs
« Eux, c’est quelque chose qu’ils font tout le temps, à chaque match. Donc pour eux, ça change pas grand-chose », explique Antoine Deliance. « Alors que nous, pour la plupart, on l’avait jamais vécu. Du coup, ce travail-là, ça nous a permis de réfléchir à comment nous on le percevait, et comment ceux qui l’avaient déjà vécu le voyaient aussi. Ils ont pu partager leur expérience, et ça nous a aidés à bien nous adapter pour le match de lundi. »
Un match difficile malgré la préparation
Face aux Baby Blacks, les jeunes Tricolores ont choisi une posture sobre, regard fixe, concentration maximale. Mais après deux essais encaissés dans les dix premières minutes, la Nouvelle-Zélande a pris le dessus. Score final : 26-34 et fin de parcours pour les Bleuets.
