
À 35 ans, Jérôme Bosviel a réalisé ce que beaucoup pensaient hors de portée : effectuer ses débuts en Top 14, alors qu’il est reconnu comme le meilleur marqueur de tous les temps en Pro D2 avec 2 920 points inscrits. Samedi dernier, à Paris, le joueur originaire de Montauban a vécu la rude intensité du plus haut niveau, quinze ans après avoir lancé sa carrière professionnelle.
L’expérience a été rude.
Il s’est livré dans les colonnes du journal Le Progrès –
« Je n’ai pas été surpris. Tout va plus vite. L’intelligence situationnelle des joueurs est plus forte qu’en Pro D2. La moindre erreur se paie cash. On l’a appris à nos dépens au Stade Français. C’est sans doute ce qu’on appelle la taxe d’apprentissage. »
### Une fidélité récompensée
Après avoir été formé à Bergerac, puis évolué à Périgueux, Lyon et Bourgoin, Bosviel a trouvé son club de cœur à Montauban, où il a posé ses bagages en 2016. Onze ans plus tard, il savoure cette montée inattendue. « Je vis de ma passion depuis mes 20 ans et je savoure aujourd’hui la cerise sur le gâteau à 35. C’est génial. J’aurais sans doute pu jouer en Top 14 avant. Brive, Bordeaux, le Racing, Toulon et même Toulouse m’ont approché à une époque. Cela ne s’est pas fait. Mais je n’ai aucun regret. J’ai toujours pensé que j’y arriverais un jour avec Montauban… »
Jamais son optimisme n’a vacillé, même dans les phases les plus difficiles. « Le 2 juin 2024, au soir de notre victoire sur le fil à Narbonne, on s’est promis de ne pas revivre un tel enfer. Le club est allé chercher Sébastien Tillous-Bordes. Moins + moins, ça fait plus. Et ça a matché. » Cette nouvelle dynamique a mené à une phase finale hors norme, clôturée par un sacre contre Grenoble.
### Retrouvailles avec le LOU
Ce samedi, le stade Sapiac affichera complet pour accueillir Lyon, le club où Bosviel a déjà évolué. « Ce match, on y pense depuis la reprise de la saison. Il y aura de l’émotion et de la passion, parce que Sapiac n’a plus accueilli un match de Top 14 depuis quinze ans. Même si j’y ai peu joué, j’ai apprécié mes deux ans passés à Lyon. J’y ai remporté le titre de champion de Pro D2 en 2014. Et puis s’entraîner tous les jours au contact des Chabal, Nallet, Leguizamon… c’est formateur. J’ai conservé des contacts avec beaucoup de Lyonnais, et je serai content d’en revoir certains. »
### L’art du jeu au pied
Sur le terrain, cependant, aucune place pour la nostalgie. Bosviel compte bien mettre à profit son expérience. « Je suis passionné de toutes les formes de rugby et j’ai découvert ce jeu au pied dans le XIII australien. Suivant comme on frappe le ballon, il descend plus vite et en flottant. Ça peut être déstabilisant pour le receveur. » Les joueurs du LOU sont prévenus : grâce à ses coups de pied habiles, entre chandelles piégées et drops mortels (44 réussis en carrière), le vétéran reste une menace jusqu’au coup de sifflet final.







