
Chaque semaine, Midi Olympique relate un épisode marquant du marché des transferts en Top 14.
Ce vendredi, le journal bi-hebdomadaire revient sur le transfert de Gaël Fickou, qui a quitté le Stade Français Paris en pleine saison 2020-2021 pour rejoindre le Racing 92.
Ce départ surprise a marqué durablement le rugby français, suscitant de nombreuses réactions et restant gravé dans les annales du championnat français.
Un coup de fil décisif
Le 24 janvier 2021, alors qu’il évoluait encore sous le maillot du Stade Français à Toulon, Gaël Fickou ne se doutait pas que cette rencontre serait sa dernière en rose.
Quelques jours plus tard, en plein cœur du Tournoi des Six Nations, son agent l’a informé :
« Pendant le Tournoi, mon agent m’a appelé pour me dire qu’il avait une mauvaise nouvelle. Le Stade français souhaitait me libérer. ‘Mais j’ai aussi une bonne nouvelle’, a-t-il ajouté : le Racing 92 est très intéressé pour te reprendre. »
Initialement censé s’effectuer en fin de saison, le transfert s’est alors précipité.
Une décision qui a bouleversé le joueur :
« Les deux clubs avaient déjà parlé, oui. Il y avait eu des contacts. C’est ce qui m’a le plus déçu. Je peux comprendre le choix du Stade français. On en a discuté, il n’y a aucun problème. Mais il y a des façons de faire. On aurait dû me concerter avant. »
Une altercation avec Hans-Peter Wild
Lorsque l’annonce officielle de son départ a été faite en avril, Hans-Peter Wild, propriétaire du Stade Français, a vivement critiqué le joueur :
« Je suis très déçu, déçu par son état d’esprit. Ça ne se fait pas de quitter ses partenaires en cours de saison. On s’était fait avoir par les agents. Gaël avait un très long contrat chez nous (5 ans). La première année, il a fait une bonne saison. Mais la seconde, il n’a joué que six matches et cette saison seulement huit. Gaël nous coûte un million d’euros la saison. Donc chaque match, c’est 150 000 euros ! C’est juste incroyable ! »
Fickou, blessé par ces accusations, n’a pas mâché ses mots :
« Les rôles ont été inversés, tout le monde le sait. Tous mes coéquipiers le savent. Et si on réfléchit deux secondes, pour signer un contrat, il faut deux personnes… J’ai accepté de partir parce que le club voulait recruter des joueurs, alors que je n’étais jamais là. Je l’ai très bien compris. Mais j’aurais voulu qu’on me le dise en face, comme des hommes. »
Il a ajouté :
« Je pouvais rester. J’avais un contrat. Mais à quoi bon venir tous les jours dans un club qui veut vous libérer ? S’entraîner, c’est mental. Alors, si tu ne représentes plus d’intérêt pour le club… »
Une excellente opération pour le Racing
Recruté par Paris en 2018 pour 700 000 euros, Fickou a été récupéré par le Racing trois ans plus tard pour environ 350 000 euros, le Stade Français continuant à prendre en charge une part de son salaire.
Un avantage indéniable selon Jacky Lorenzetti :
« Un jour, un agent nous appelle en nous disant : ‘Le Stade français veut se séparer de Gaël Fickou. Êtes-vous intéressé ?’ Lorsque Laurent Travers m’en a parlé, j’étais un peu incrédule. Gaël Fickou, c’était quand même le meilleur joueur du Stade français ! »
Le président du club francilien a précisé :
« Nous avions déjà regardé Gaël Fickou il y a trois ans. L’affaire ne s’était pas faite parce que le Stade français avait dépensé une fortune pour le faire venir. Depuis, ils ont changé d’avis, voilà tout… »
Un dénouement chargé d’ironie
La fin de saison a pris des allures de scénario dramatique. Le Stade Français a obtenu une qualification de justesse pour les phases finales, où il a retrouvé le Racing en barrage. Sur la pelouse de la Paris La Défense Arena, Fickou, épaulé par Virimi Vakatawa, a rapidement puni son ancien club en marquant un essai dès la 5e minute. Le match s’est soldé par une victoire 38-21.
Ainsi s’est conclu un transfert marqué par des tensions, des incompréhensions et un certain panache, qui restera parmi les histoires les plus mémorables du rugby français.







