Lorsqu’on regarde un match international, un détail saute souvent aux yeux : les entraîneurs en chef ne sont jamais au bord du terrain, contrairement à leurs homologues du Top 14.
Ils sont toujours perchés en tribune, souvent derrière une vitre, isolés du tumulte. Une habitude ? Pas du tout. C’est en réalité une obligation réglementaire imposée par World Rugby comme l’explique Sud-Ouest.
L’instance mondiale limite strictement le nombre de personnes présentes dans la zone technique : quatre maximum par équipe — deux membres du staff médical et deux porteurs d’eau. Ces derniers peuvent être des entraîneurs adjoints, à l’image de William Servat chez les Bleus.
Mais le texte est clair : « en aucun cas, l’entraîneur en chef ne peut faire partie des quatre personnes désignées ».
Rassie Erasmus a trouvé une astuce
En 2021, Rassie Erasmus avait trouvé la faille. Pendant la tournée des Lions britanniques en Afrique du Sud, l’ancien sélectionneur s’était glissé dans le rôle de porteur d’eau pour transmettre des consignes à ses joueurs sur la pelouse.
Une ruse qui avait exaspéré Warren Gatland, alors à la tête des Lions. Erasmus n’était pas officiellement le coach des Springboks, mais « directeur du rugby » : une pirouette administrative qui lui avait permis de contourner le règlement.
« Plus tu vieillis, plus tu es dans la réflexion »
Ancien sélectionneur du XV de France, Philippe Saint-André connaît bien les deux mondes.
Il s’est confié via Sud-Ouest :
« Parce qu’on voit mieux avec de la hauteur, on a plus de recul et de lucidité. […] Plus tu vieillis, moins tu es dans l’action et plus tu es dans la réflexion », explique-t-il, non sans humour.
Pour lui, cette règle n’est pas une contrainte, mais une forme de tradition. « On est en costume cravate, ça amène de la classe et du standing. […] Quand tu es en tribune, ça ne déborde pas avec les arbitres. On est un sport différent et il faut cultiver cette différence. »
Un avis partagé par Marc Lièvremont, autre ancien sélectionneur des Bleus :
« On peut dire que le rugby est obsolète ou désuet, mais ça fait son charme. C’est unique et ça me plaît. »
Galthié, du bord de touche à la tribune
Quand il entraînait Montpellier puis Toulon, Fabien Galthié vivait les matchs au bord du terrain, parfois avec intensité — jusqu’à s’accrocher avec Christophe Urios lors d’un match houleux entre le RCT et Castres en 2017.
Aujourd’hui, à la tête du XV de France, il a dû apprendre à garder ses distances. Moins d’adrénaline, mais plus de contrôle. « Les émotions, tu les vis une fois redescendu, quand tu enlaces tes joueurs ou que tu vois les sourires dans le vestiaire », conclut Philippe Saint-André.
