
À 35 ans, Jérémy Sinzelle continue de défier le temps. Dans un vestiaire en perpétuelle évolution, il représente un lien précieux vers une identité que le club cherche à solidifier.
Son choix de prolonger d’une saison n’avait rien d’anodin. Pierre Mignoni lui a présenté un rôle clair, loin des promesses creuses : mentor, guide, “boîte noire” du vestiaire. Une franchise assumée.
« C’est parce que je connais Jérémy que je n’ai pas pris de gants pour lui dire qu’il allait être le dernier de la liste au poste de centre. Quand je dis ça, et comme c’est un compétiteur, il a le nez qui fume », avait confié l’entraîneur toulonnais cet été. Derrière la boutade, une conviction : l’expérience s’enseigne par proximité.
Le joueur lui-même admet avoir dû ajuster ses réflexes :
« C’est un peu particulier à appréhender. Je prends sur moi… et je me dis que j’ai 35 ans. Place à l’avenir, maintenant ».
Le discours est lucide, mais l’envie, elle, demeure intacte. Car derrière l’ombre du leader discret se cache encore un compétiteur affamé. Et avec les pépins physiques d’Antoine Frisch et d’Oliver Cowie, Sinzelle retrouve du temps de jeu… et son chronomètre interne se relance.
Son quotidien a changé. Désormais, préparer un match signifie parfois préparer… celui des autres.
« Mon rôle, désormais, est d’essayer d’apporter quelque chose à l’équipe qui va jouer. Si tu commences à râler, à ne pas vouloir t’entraîner correctement, […] les mecs vont très vite voir que tu casses les couilles. Il faut envoyer un bon signal au groupe… et se respecter. C’est un sport collectif avant tout », insiste-t-il via Var-matin. Une profession de foi.
Pour rester prêt, la méthode est simple : travailler plus. « Le plus compliqué, si tu es amené à moins enchaîner, c’est de garder le rythme. […] Il faut t’entraîner plus que les autres », confie-t-il. Une hygiène de vie qui épouse l’époque : le rugby s’est accéléré, les corps aussi.
Mais c’est dès qu’il évoque les jeunes talents que son regard se transforme. « Ils me régalent », glisse-t-il en souriant. Leur insouciance le stimule. Leur fraîcheur le régénère. Sa punchline résume la philosophie du vestiaire : « Le jeune n’est rien sans le vieux, mais le vieux n’est rien sans le jeune ». Un équilibre rarement aussi bien exprimé.
Dans une saison marquée par les transitions, Sinzelle devient un vecteur.
Pierre Mignoni l’a compris : pour préparer l’avenir, il faut un témoin du passé.







