
C’est une petite révolution tranquille dans le paysage du XV de France. Samedi soir, face aux redoutables Springboks, Mickaël Guillard portera le numéro 8 des Bleus à la place de Grégory Alldritt, capitaine emblématique et titulaire indiscutable depuis trois ans.
Une décision forte, mais surtout méritée, tant le Lyonnais de 24 ans s’est imposé comme une valeur sûre du rugby tricolore.
Son histoire en bleu n’avait pourtant rien d’un conte de fées. Début juillet 2024, à Mendoza, Guillard faisait ses premiers pas internationaux lors d’une tournée d’été marquée par les polémiques extra-sportives. Discret, concentré, il s’était contenté de saisir sa chance. Et il ne l’a plus jamais lâchée.
Depuis ce jour, le joueur du LOU a pris part à douze des treize derniers matchs du XV de France, six fois comme titulaire, six fois comme remplaçant. Une constance rare à ce niveau.
Son ascension s’est accélérée l’été dernier en Nouvelle-Zélande, où ses performances en numéro 8 ont convaincu le staff tricolore. « Mika a été performant en 5, en 8… Il a des habiletés et un potentiel qu’on veut développer. On veut aussi créer de l’émulation à tous les postes », a expliqué Fabien Galthié, soulignant la polyvalence d’un joueur capable d’occuper tous les postes du 4 au 8.
Le message du sélectionneur est clair : personne n’est intouchable. « Grégory Alldritt a un vécu important avec nous depuis plusieurs années, mais nous avons un devoir de justesse », a précisé Laurent Sempéré, entraîneur de la conquête, avant d’assurer qu’« aucun ancien n’est poussé vers la sortie ».
À Lyon, Guillard s’est imposé comme un leader discret, travailleur acharné et modèle de régularité. « À chaque fois que j’ai la chance de porter ce maillot, je dois prouver que j’en suis digne », confiait-il il y a quelques mois, avant de dévoiler son ambition sans détour : « Jouer le plus de matchs possibles jusqu’à ce que je prenne ma retraite. Si je peux passer dix ans en équipe de France, je signe direct ! »
Déterminé, rigoureux, le natif de Grenoble a fait du labeur son credo. « Je sais que ça va très vite et qu’il y a un vivier énorme. La concurrence est rude… » dit-il, lucide. Mais sa polyvalence et sa mentalité d’ouvrier de l’ombre en font aujourd’hui un atout majeur du groupe France.
En juillet dernier, lors des tests contre les All Blacks, il avait été désigné homme du match par le staff lors de ses deux titularisations. « Il a pris une autre dimension », confirmait William Servat, l’entraîneur des avants.
Ce samedi, contre les doubles champions du monde sud-africains, Mickaël Guillard s’apprête à passer un nouveau cap. Un test grandeur nature face à ce qui se fait de plus puissant au monde. Le Lyonnais ne se contentera pas de combler un vide — il entend bien marquer son territoire.







