Deux matchs, beaucoup de doutes. Battus par l’Afrique du Sud (17-32) puis laborieux contre les Fidji (34-21), les Bleus donnent l’impression d’être à court de solutions. À deux ans de la Coupe du monde 2027 en Australie, la sélection française ne parvient plus à retrouver la dynamique qui avait fait d’elle l’une des meilleures équipes du monde.
Une équipe méconnaissable
Il n’y a pas si longtemps, la France affichait près de 80 % de victoires et marchait sur l’Irlande à Dublin. Cet automne, c’est l’inverse : défense friable, discipline vacillante et attaque sans inspiration. Les Bleus ont perdu une bonne partie de ce qui faisait leur force.
L’explication la plus simple réside dans la longue liste des absents. Antoine Dupont manque toujours autant — impossible de prétendre le contraire — tout comme Peato Mauvaka, Uini Atonio, François Cros, Yoram Moefana ou encore Thibaud Flament et Emmanuel Meafou, absents contre les Fidji.
Fabien Galthié le répète : son groupe « ne s’entraîne que depuis quelques jours », quand les adversaires sont ensemble depuis des semaines. Un argument réel… mais insuffisant.
Un réservoir qui n’avance plus
Le vrai problème est ailleurs : la France peine à faire émerger de nouveaux titulaires crédibles. Quand l’Afrique du Sud ou l’Irlande renouvellent leurs talents, les Bleus stagnent.
Le poste de pilier droit en est l’exemple parfait. Régis Montagne fait ce qu’il peut mais remplacer un Atonio n’est pas si simple. En deuxième ligne, lorsque Meafou et Guillard manquent, il faut rappeler Romain Taofifenua, 35 ans.
Même les “ovnis” chers au début du mandat de Galthié se font rares. Les jeunes pousses du Top 14 existent, mais aucune n’a encore pu s’imposer au niveau international. Seule bonne surprise : la reconversion de Charles Ollivon en deuxième ligne gauche, élu homme du match contre les Fidji.
Des failles défensives inquiétantes
Le passage à vide contre les Fidji — ce terrible 21-0 encaissé en 25 minutes — a exposé des manques criants.
Indiscipline, retard défensif, rucks perdus… Les Français ont été étouffés dans les zones de combat.
Fabien Galthié pestait contre « ces hors-jeu (…) qui ont rendu aux Fidjiens des possessions trop faciles ». Yannick Nyanga s’interroge lui aussi, reconnaissant : « Samedi, côté français, je n’ai pas tout saisi » à propos du système défensif.
Au sol, les chiffres sont implacables : seulement deux ballons grattés sur cinquante-quatre tentatives, pendant que les Fidjiens affichaient 88 % de rucks rapides. Maxime Lucu admettait un plan mal exécuté : « notre circulation n’a pas toujours été à la hauteur ». Galthié confirmait : « On a confondu le plaquage et le grattage ».
Des excuses… mais pas toutes recevables
Le sélectionneur a rappelé que la France en était seulement à son deuxième match quand les Fidji comptaient dix rencontres. « On a besoin d’apprendre à se connaître », expliquait-il.
Mais en réalité, les meilleurs Fidjiens jouaient en Top 14 la semaine précédente. Les Bleus, eux, avaient 23 joueurs protégés à Marcoussis.
La vérité : même amoindrie, la France possède l’un des plus gros réservoirs du monde. Elle est donc attendue au tournant — et l’exigence est logique.
L’Australie, un test… mais pas une réponse
Les Wallabies arrivent samedi au Stade de France dans un état catastrophique, après deux larges défaites. Une victoire française serait logique, mais pas forcément rassurante.
Le mal est plus profond : le XV de France cherche à nouveau son identité, son rythme, ses leaders et surtout les joueurs capables de relancer la machine.
