
Le constat est implacable. Après dix journées, Montauban et Perpignan se retrouvent totalement décrochés, engagés dans une course à deux pour éviter la relégation. Le promu tarn-et-garonnais n’a récolté que 7 points, déjà 15 de retard sur le 12e, quand l’Usap vit une crise sportive sans précédent avec… un seul point pris depuis août.
Le duel pour la 13e place est lancé, et il s’annonce brutal.
Fin octobre, Montauban a pris un petit ascendant en remportant le premier “match de la peur” face aux Catalans (29-22). Baptiste Mouchous, arrière et parfois ouvreur, ne cache rien : « On est quand même dans un championnat à deux avec Perpignan pour le maintien. »
Son manager Sébastien Tillous-Borde enfonce le clou après la lourde gifle reçue contre un Toulouse remanié : « On est en vie. Que l’on soit dans un championnat à deux avec Perpignan, ça a été dit au bout de deux journées. »
Dans les faits, l’écart est tel que certains parlent déjà d’un “Top 12” déguisé. Mais du côté de la LNR, on refuse catégoriquement l’idée. Yann Roubert s’y oppose fermement : « La formule n’est pas remise en cause. Je ne vois pas pourquoi on devrait passer à un Top 12. »
Même ton du côté d’Emmanuel Eschalier, directeur général de la Ligue : « Le Top 14, c’est une formule qui a 20 ans. Elle a fait ses preuves. »
Les chiffres, eux, rappellent la violence du saut entre Pro D2 et élite : sur les 32 équipes promues depuis la création du Top 14, 16 se sont maintenues, 16 sont redescendues. Un pile ou face implacable.
Et depuis 2017, seuls deux clubs ont résisté durablement : Perpignan en 2022 et Bayonne l’an dernier. L’écart est énorme, oui, mais l’histoire montre aussi que ceux qui parviennent à s’accrocher peuvent devenir des locomotives : Toulon, Racing 92, UBB, La Rochelle ou encore Pau ont tous commencé par là.
Pour Eschalier, le suspense reste total : « Il y a du suspense à tous les étages. (…) Cette formule crée de l’incertitude et de l’intensité. »
Sur le terrain, pourtant, Perpignan et Montauban vivent un feuilleton totalement différent. Le sportif vacille… et l’extra-sportif explose. À Sapiac, la saison est rythmée par l’affaire Galthié-Quercy, le vol du bouclier de Pro D2 et les révélations poignantes de Jérôme Bosviel sur son addiction au jeu.
À Perpignan, la crise est institutionnelle : une partie du staff écartée, un vestiaire secoué, et un nouvel homme fort, Laurent Labit, venu mener une mission commando. Le nouveau patron n’épargne personne : « S’ils se posent déjà la question de savoir où ils joueront la saison prochaine, qu’ils partent tout de suite. »
La suite s’annonce terrible pour les deux derniers : Perpignan se déplace à Castres, Montauban à Toulon. Deux déplacements quasi impossibles, deux matchs que personne ne leur promet, deux clubs qui luttent déjà pour sauver leur peau.







