Toulouse débute sa campagne en Coupe d’Europe avec une exigence absolue : la perfection. L’objectif est limpide pour les Rouge et Noir, forts d’une longue tradition dans la compétition : réussir un sans-faute, tant à domicile qu’à l’extérieur, pour viser une septième étoile européenne. Le moindre relâchement peut coûter cher, comme l’a appris le club la saison dernière lorsqu’un bonus offensif manqué à Durban a compromis toute leur dynamique.
Cette déconvenue a laissé des traces. Malgré un presque parfait 19 sur 20 lors de la phase de poules, Toulouse a dû affronter les quarts et demi-finales en terrain adverse, délogué par l’UBB. La défaite de peu face à Toulon puis l’élimination à Bordeaux restent un rappel sévère : perdre un point signifie s’exposer au pire.
Les statistiques donnent raison à cette prudence. Aucun champion n’a chuté lors de la phase de poules depuis plus d’une décennie. Ce poids historique explique l’attitude ferme d’Ugo Mola, l’entraîneur toulousain : « C’est une compétition bien particulière où tu n’as pas trop le droit de perdre… C’est un sprint… Il n’y a pas de place au hasard, pas de place à l’erreur… Bien démarrer sera une évidence pour ne pas avoir à cravacher et à laisser trop d’énergie avant le printemps. »
La rigueur est d’autant plus essentielle que, malgré une domination affichée lors des phases de poules ces trois dernières saisons, Toulouse n’a transformé cette supériorité en titre qu’une seule fois, en 2024, année où le club avait réalisé un exploit parfait avec un 20/20. Cette statistique résume à elle seule la difficulté extrême de la compétition.
Le tirage de cette saison s’annonce sans compromis. Après avoir affronté les Sharks, puis Sale à Ernest-Wallon, Toulouse s’attaquera à deux déplacements redoutables : Glasgow, quart-finaliste en 2024, et les Saracens, triple vainqueurs de l’épreuve. Un calendrier d’hiver intense, taillé pour éprouver les prétendants au titre.
Julien Marchand, capitaine emblématique, en connaît la clé de la réussite : « Il faudra prendre tous ces matches hyper décomplexés, jouer le truc à fond, s’y filer, prendre du plaisir, éviter de se pointer avec une chape de plomb au-dessus de la tête, être nous-mêmes, faire les choses simplement et se jeter dans cette compétition sans calcul. » Toutefois, il reconnaît que la réalité imposera tôt ou tard des impératifs tactiques : bonus offensifs, différence de points, gestion des écarts… La course à l’excellence est réglée comme une équation.
La Coupe d’Europe elle-même a évolué. Son prestige a fluctué au gré des réformes, certaines équipes choisissant de la jouer pleinement, d’autres beaucoup moins. Thomas Ramos, demi d’ouverture du club, illustre cette évolution avec lucidité : « C’est vrai que la Coupe d’Europe qu’on a connue en tant qu’enfant nous faisait certainement plus rêver… Mais dire que la compétition d’aujourd’hui ne nous fait pas envie, ça serait vous mentir… Certaines équipes se permettent de faire tourner… Si tu t’amuses à compter combien d’équipes la jouent vraiment, je pense qu’avec tes deux mains, t’as largement assez de doigts… Nous, en tout cas, on est décidés à jouer cette compétition à fond. »
Toulouse est prévenu : le premier acte de cette saison européenne s’écrit aujourd’hui à Durban. Et dans cette compétition, tout commence — et souvent tout se joue — dès le premier pas.







