De plus en plus de joueurs de Top 14 et de Pro D2 s’adonnent aux paris sportifs sur le rugby, un comportement formellement interdit par la Ligue Nationale de Rugby (LNR). C’est Midi Olympique qui a dévoilé cette tendance inquiétante ce lundi.
Le règlement de la LNR est clair : l’article 100 interdit strictement à tout acteur du rugby, directement ou par l’intermédiaire d’un tiers, de miser sur des compétitions ou rencontres impliquant des joueurs professionnels. Pourtant, dans les conversations informelles, plusieurs joueurs, en particulier les plus jeunes – souvent moins de 26 ans –, reconnaissent parier sur des matchs de leur propre championnat. Ces mises sont généralement petites, destinées à « s’amuser » ou à « ajouter un frisson » à une soirée, mais leur banalisation pose question.
Les témoignages recueillis par Midi Olympique indiquent que la Pro D2 serait davantage concernée que le Top 14, selon plusieurs observateurs. Ce phénomène soulève un vrai risque d’addiction, illustré par l’exemple de Jérôme Bosviel, ouvreur à Montauban. En octobre, il a livré un témoignage choc sur sa lutte contre sa dépendance aux jeux d’argent : « Je suis tombé dans les jeux, le poker et le PMU. Je l’ai caché à tous mes proches. » Pour financer ses paris, il avait même puisé dans la caisse collective de l’équipe. Bien qu’il ne misait pas sur le rugby, son témoignage rappelle les dangers que représentent ces pratiques pour les sportifs professionnels.
Face à cette situation, Provale, le syndicat des joueurs, et la LNR ont renforcé leurs actions, multipliant les dispositifs de prévention axés sur la santé mentale.
Emmanuel Eschallier, directeur général de la LNR, reste néanmoins prudent : « Pour le moment, ce n’est pas un énorme problème, cela ne remet pas en cause l’intégrité des championnats. »
En revanche, dans les coulisses, les clubs et managers affichent une inquiétude grandissante. Plusieurs responsables évoquent une vigilance accrue, certains évoquant même une « traque » interne pour éviter qu’un cas de paris illicites ne fasse scandale et déstabilise un vestiaire.
Un président de Top 14 est allé plus loin en imposant à ses recrues une clause contractuelle interdisant tout pari sur le rugby, sous peine de licenciement immédiat.
À l’heure où les jeux en ligne séduisent massivement les jeunes athlètes, le rugby professionnel français avance avec prudence, conscient qu’un simple dérapage pourrait lourdement entacher l’image et l’intégrité de ses championnats.







