La suspension de douze semaines infligée à Eben Etzebeth continue de faire polémique, non pas en raison de sa durée, mais à cause de son impact quasi nul sur le calendrier international du joueur sud-africain.
Le 29 novembre dernier, lors d’un match remporté par les Springboks face au Pays de Galles à Cardiff, Etzebeth écopait d’un carton rouge pour un geste très dangereux sur Alex Mann. Une commission indépendante confirmait ensuite une suspension de 12 semaines. Problème : cette sanction ne s’applique qu’aux rencontres de clubs. Le double champion du monde ne manquera donc aucune rencontre internationale et sera de nouveau éligible dès le 28 mars 2026.
Cette situation soulève l’indignation de nombreux observateurs, qui jugent la suspension incohérente et laxiste. Pour eux, ce n’est pas la durée de la peine qui pose problème, mais le fait qu’elle puisse être purgée en dehors du cadre international, là où la faute a été commise.
Tony Johnson, consultant néo-zélandais pour SKY Television, n’a pas caché sa désapprobation : « Est-ce qu’il s’en sort bien ? Douze semaines de rugby de club pour avoir enfoncé son pouce dans l’orbite d’un gars… Il ne va pas manquer une seule minute de rugby international. Cette pause va probablement le rendre encore plus affûté et plus agressif pour l’année prochaine. »
Pour Johnson, World Rugby envoie un mauvais signal en autorisant un joueur sanctionné en sélection à purger sa peine à un autre niveau : « Si tu commets une faute au plus haut niveau, tu purges ta peine au plus haut niveau. »
Cette critique est reprise avec encore plus de fermeté par l’animateur Ian Smith : « Je suis d’accord avec toi, c’est une sanction très légère. Quand on considère la manière dont elle peut être purgée, vraiment très légère ; commettre une attaque comme celle-ci, une attaque flagrante, qui est l’une des plus odieuses puisque tu peux potentiellement priver un gars de sa vue dans ce genre de situation… Cela devrait être traité au niveau le plus élevé et de la manière la plus transparente. »
Cette affaire met en lumière une fracture entre le discours officiel de World Rugby et la réalité du terrain. L’instance internationale promeut régulièrement la sécurité, la lutte contre les comportements dangereux et la protection des joueurs. Pourtant, le cas Etzebeth révèle que les procédures disciplinaires manquent encore d’homogénéité.
En sanctionnant un joueur emblématique sans impact réel sur ses matchs internationaux, World Rugby risque de fragiliser la crédibilité de ses sanctions et la confiance des acteurs du rugby, choqués par cette dissociation entre la nature de la faute et son traitement.






