L’affaire Melvyn Jaminet continue de secouer le Stade Toulousain. Après avoir payé une amende record de 1,3 million d’euros au printemps dernier pour non-respect du salary cap, le club a cette fois écopé d’une sanction sportive : un retrait de deux points au classement du Top 14, assorti de deux autres points avec sursis. Cette décision a été rendue ce lundi par le Conseil de discipline du rugby français.
Sur le terrain, l’impact est quasi nul. Leader du championnat avant la sanction avec 39 points, Toulouse conserve la tête à égalité avec la Section Paloise. La menace d’une mise en danger sportive est donc inexistante, ce qui interroge sur l’efficacité d’une sanction liée à des faits sévères, qualifiés officiellement de « comptabilisation erronée et/ou frauduleuse et/ou financements détournés ».
**Une sanction minimale face à des faits graves**
Conformément à ses barèmes, le Conseil de discipline pouvait infliger un retrait de points compris entre deux et dix. Il a choisi le minimum. Pourtant, l’enquête menée par l’A2R (ex-DNACG) révèle un montage financier « particulièrement problématique ». Selon le Conseil, « les flux financiers entre le club et les sociétés Pacific Heart – Rugby Store, présentés notamment comme une convention d’agence visant à organiser une tournée du Stade Toulousain en Polynésie française, avaient en réalité notamment servi à régler les conséquences financières du départ de M. Jaminet et que ce montage participait d’un habillage juridique et financier visant à détourner des financements de leur véritable objet ».
En clair, une structure censée être un simple partenariat a été utilisée pour couvrir financièrement le départ du joueur, avec à la clé un faux selon l’instance disciplinaire. Malgré la gravité des faits, la sanction sportive se limite à deux points retirés, complétée par une amende de 45 000 euros, dont 15 000 avec sursis.
**Une indulgence assumée… et contestable**
Au sein du club, la décision a surpris : « Au club, personne n’osait rêver d’une sanction aussi clémente », a confié une source interne au journal L’Équipe lundi soir. Pour justifier cette clémence, le Conseil a invoqué la solidité financière du Stade Toulousain et l’importance de ses fonds propres, un argument critiqué, car il laisse entendre qu’un club économiquement sain bénéficierait d’un traitement plus favorable.
Autre justification avancée : « la reconnaissance partielle des faits » par Toulouse et le paiement préalable d’une amende de 1,3 million d’euros. Pourtant, cette dernière sanction relève d’une procédure distincte et ne concerne pas directement le dossier disciplinaire jugé cette semaine.
**Un coup porté davantage à l’image qu’au classement**
Sportivement, cette décision n’aura pas de conséquences majeures. En revanche, elle porte un sérieux coup à l’image du Stade Toulousain, souvent présenté comme un modèle de gestion. Le discours de minimisation affiché publiquement par le club a d’ailleurs surpris, l’entraîneur Ugo Mola parlant du « cadet des soucis du sportif » alors qu’il siège depuis 2024 au directoire du club.
Près d’un an après les premières révélations, le montage financier destiné à rembourser les 450 000 euros empruntés par Melvyn Jaminet pour régler sa clause de départ à l’USAP continue de hanter Toulouse. Cette fois, le choc est atténué. Mais une question demeure : une sanction aussi légère est-elle à la hauteur des faits établis ?







