Le verdict est tombé lundi en fin d’après-midi, mettant fin à plusieurs semaines d’incertitude pesante autour du Stade Toulousain. Le club a écopé d’un retrait de deux points au classement du Top 14, assorti de deux points supplémentaires avec sursis, ainsi que d’une amende de 45 000 euros. Une sanction jugée modérée par l’extérieur, mais qui fait grincer des dents à Ernest-Wallon.
Depuis la mi-novembre, le Stade Toulousain vivait dans l’attente d’une décision après la saisine de l’A2R, l’autorité de régulation financière du rugby. La commission de discipline devait trancher sur la sincérité des déclarations liées au transfert de Melvyn Jaminet et aux mouvements financiers autour de la société Pacific Heart. Les scénarios les plus sévères avaient été envisagés : interdiction de recruter, exclusion des phases finales ou même relégation administrative.
Dans ce contexte, la décision d’un simple retrait de deux points aurait pu apparaître comme un soulagement. Ce ne fut pourtant pas le cas. Selon Midi Olympique, le club affiche un sentiment d’avoir déjà payé pour ces faits.
En interne, le Stade Toulousain n’a jamais espéré une relaxe totale, mais souligne que sa responsabilité avait déjà été reconnue et sanctionnée. Au printemps dernier, le club avait versé 1,3 million d’euros suite à une médiation avec la Ligue Nationale de Rugby (LNR), un accord présenté comme définitif sur le dossier du salary cap.
Le club estime aujourd’hui qu’il est sanctionné une seconde fois pour les mêmes faits, cette fois sous l’angle de la régulation comptable. Dans un communiqué, il affirmait vouloir « démontrer l’illégalité et l’absence de fondement de cette nouvelle procédure disciplinaire » et dénonçait « la coexistence d’instances et de règlements multiples au sein de la LNR ».
Si la commission a pris en compte l’amende déjà versée, elle n’a pas renoncé à infliger une sanction sportive, nourrissant un malaise profond au sein du club.
Le Stade Toulousain dispose désormais d’une semaine pour faire appel. Cette option reste ouverte et pourrait l’emmener devant la commission d’appel de la Fédération Française de Rugby (FFR), le CNOSF, voire le Tribunal arbitral du sport.
Au-delà des points perdus, le club redoute surtout l’impact de cette affaire sur son image, qu’il a publiquement regretté : « Les décisions prononcées interviennent au terme d’une procédure dont les modalités ont profondément affecté son image et nous le déplorons. »
Cette controverse fragilise également la position de Didier Lacroix, président du club. Une enquête préliminaire pour abus de confiance est toujours en cours au parquet de Toulouse. Pourtant, Lacroix demeure soutenu en interne. Fort de ses résultats sportifs — sept titres majeurs depuis 2019 — et récemment reconduit à son poste, il bénéficie toujours de l’appui des joueurs. Thomas Ramos l’a défendu sans ambiguïté : « Aujourd’hui, on est dans un monde où tout est commenté et analysé. Mais les gens parlent parfois sans connaître les situations. […] Je pense que beaucoup de personnes ont été très dures avec notre président. »
Lundi, au moment de l’annonce de la sanction, les joueurs s’entraînaient, concentrés sur leur prochain déplacement à Lyon. Aucun n’a souhaité réagir, semblant plus affecté par leur prestation décevante lors de la seconde période contre Glasgow que par la décision administrative.
Privé de la tête du Top 14 suite à ce retrait de points, le Stade Toulousain sait qu’il devra désormais se battre sur le terrain. Mais aussi en dehors, pour restaurer une image entachée.
La sanction est tombée, mais le dossier disciplinaire reste ouvert. Le paradoxe est saisissant : une décision jugée clémente par beaucoup, mais vécue comme profondément injuste par ceux qui en subissent les conséquences.







