Samedi soir à Aimé-Giral, ce n’est pas le score ni la surprenante défaite face à une équipe de Perpignan réduite à quatorze joueurs pendant près d’une heure qui ont marqué les esprits. L’image la plus saisissante est survenue après le coup de sifflet final.
Quelques minutes après le revers concédé contre l’USA Perpignan (26-20), plusieurs joueurs de l’ASM Clermont Auvergne discutaient tranquillement avec leurs proches dans le vestiaire. Souriants, détendus, presque légers, ces gestes anodins prennent une toute autre dimension au regard de la situation, souligne La Montagne.
Le rugby n’est certes pas une tragédie, et une défaite ne doit pas empêcher les échanges humains. Pourtant, ce décalage entre la gravité sportive du moment et l’attitude affichée interpelle. Comment expliquer ces sourires, alors que Clermont venait de laisser échapper un match que tout semblait lui offrir sur un plateau ?
Cette défaite dépasse le simple revers. L’ASM affrontait une équipe catalane encore invaincue cette saison en Top 14, jouant sous pressions, et amputée d’un joueur dès la 18e minute suite à un carton rouge contre Jefferson-Lee Joseph. Une heure entière en supériorité numérique, un scénario presque idéal. Pourtant, Clermont n’a jamais montré qu’il prenait ce match à cœur. Pas de révolte, pas d’urgence, pas la moindre colère visible comme on pourrait l’attendre d’un prétendant au top 6.
Ces sourires post-match reflètent peut-être plus qu’une détente : ils traduisent un groupe déconnecté de l’enjeu, anesthésié par une série négative qui ne suscite plus de réaction. Une équipe qui semble avoir fait de la défaite une option presque acceptable, même dans des conditions aussi favorables.
Le contraste est saisissant avec l’ambiance dans les tribunes, où les supporters catalans célébraient cette victoire libératrice arrachant le match grâce à courage et énergie. Sur le terrain, Perpignan a lutté, résisté et compensé. À l’inverse, Clermont semblait parfois attendre la fin du match.
Ce malaise silencieux pèse désormais lourd. Car samedi prochain, la réception de l’Union Bordeaux-Bègles ne permettra plus ce genre d’attitude. Face à un adversaire lancé et sûr de lui, les sourires après-match ne suffiront plus.
À l’ASM, le problème dépasse le cadre rugbystique. Il est aussi émotionnel, presque culturel. Retrouver révolte, exigence et sens de l’urgence devient indispensable. Sans cela, ces images de fin de match continueront de poser une question lourde de sens : « l’ASM mesure-t-elle encore réellement ce qu’elle est en train de perdre ? »







