ASM Clermont Auvergne traverse une passe difficile, illustrée par une défaite désarmante à Aimé-Giral face à une équipe de l’USA Perpignan longtemps réduite à quatorze. Malgré cet avantage numérique, les Auvergnats n’ont jamais su imposer leur jeu, laissant transparaître un inquiétant vide émotionnel.
Dans cette ambiance morose, Bautista Delguy s’est distingué par sa franchise. L’ailier argentin a livré un constat sans appel dans les colonnes de *La Montagne* : « On est ici pour gagner et faire de belles choses avec le club. Et en ce moment, nous ne sommes pas bons. Il faut que tout le monde se regarde dans une glace. Le jeu que l’on produit m’inquiète beaucoup. On manque clairement de grinta. » Pour lui, le problème dépasse le simple aspect technique : « Nettoyer des rucks ou plaquer, ça ne demande pas des efforts incroyables. Il faut juste mettre de l’envie. On perd notre troisième match d’affilée et cela ne fait rire personne. » Des paroles fortes, symptomatiques d’un joueur tentant en vain de réveiller un collectif engourdi.
Le match a été traversé de nombreuses erreurs, notamment dans les derniers instants où Clermont a laissé filer ses espoirs. Un coup de pied hasardeux de Selevasio Tolofua (74e) suivi d’une libération approximative d’Irae Simone (80e) ont scellé le sort de l’ASM, offrant à Perpignan une victoire libératrice. Ces fautes illustrent une équipe dépourvue de fil conducteur et de cohésion.
Cette désorganisation était déjà manifeste dès l’entame de la rencontre : en-avant au coup d’envoi, pénalité concédée sur la mêlée initiale, puis un essai encaissé après une contre-attaque de 80 mètres de l’USAP, portant le score à 10-0 en seulement sept minutes. Ce scénario idéal a relancé Perpignan, boosté par ce départ canon.
Face à ce constat, le manager Christophe Urios n’a pas cherché d’excuses : « On fait un très mauvais début de rencontre et il ne fallait surtout pas faire cela. Nous avons été très maladroits. En première période, nous ne jouons pas au rugby. On ne parvient pas à enchaîner deux temps de jeu alors qu’il fallait tenir le ballon. »
Sur le plan de l’état d’esprit, Urios reste relativement mesuré. Mais les statistiques parlent d’elles-mêmes : 79 % de plaquages réussis sur l’ensemble du match, et seulement 69 % lors de la première demi-heure. Le mur catalan a tenu bon, multipliant les sept franchissements contre seulement deux pour Clermont. Dans les rucks, James Ritchie et Jacobus Van Tonder ont dominé, profitant pleinement du cruel manque de soutien des Auvergnats.
Cette impuissance face à un adversaire en infériorité numérique, conjuguée à des prestations déjà décevantes en Champions Cup, fait peser un mot lourd de sens sur l’ASM : crise. Une crise sourde qui s’installe à la fin de l’année.
Conscient de la situation, Urios mise sur une trêve réparatrice : « Ces quelques jours de trêve pour Noël vont nous permettre de nous régénérer et de ne plus nous voir. On se retrouvera en fin de semaine pour préparer le match de Bordeaux, qui sera un tournant de la saison. »
Le diagnostic est posé. La question demeure désormais : l’ASM saura-t-elle transformer l’inquiétude exprimée par Delguy en une réaction collective salvatrice ? Samedi prochain, au Michelin, face à l’Union Bordeaux-Bègles, les clermontois n’auront plus droit à l’erreur.







