Cette saison, l’ASM Clermont vit une période particulièrement délicate, marquée par des résultats instables et un climat électrique autour du projet sportif. Au cœur des critiques, le manager Christophe Urios, en poste depuis près de trois ans, fait face à une pression grandissante.
Tout s’est cristallisé le 14 décembre, après une lourde défaite à domicile contre Sale (14-35) en Champions Cup. Sur une publication Instagram de Rugbyrama où Urios s’exprimait après le match, l’ancien capitaine et icône du club Fritz Lee a lancé une critique cinglante : « Le problème vient de l’intérieur du vestiaire. Ça fait presque trois ans que ce projet est en place et il n’a en rien amélioré l’image de mon club de coeur. Rien n’a vraiment changé sous cette direction… Après, c’est juste mon avis. » Ces mots ont fait l’effet d’une bombe au sein de l’Auvergne.
Les anciens joueurs du club, interrogés sur l’état du projet, affichent des avis partagés, oscillant entre scepticisme, inquiétude et espoir.
Alexandre Audebert, ex-troisième ligne, estime que le projet stagne : « Après une arrivée en pompier de service (en janvier 2023) et après avoir fait du bricolage l’année suivante (8e), on semblait être entré dans le vrai projet Urios. Il avait fait venir son staff, il avait réalisé son recrutement. Je m’attendais à une saison plus solide, plus structurante pour le club. Force est de constater qu’on est dans le mou, dans le flou, dans le pas très clair. Si on parle des derniers résultats, les deux matches de Coupe d’Europe sont catastrophiques (défaites 47-10 face aux Saracens et 14-35 face à Sale), puis on perd à Perpignan qui joue à 14 pendant une heure (26-20). Ce n’est pas le standing de l’ASM. Sans oublier la sortie de Fritz Lee. Il a jeté un pavé dans la mare. »
À l’inverse, Julien Pierre adopte une position plus mesurée : « On voit bien que le club est en reconstruction et il y a quand même une qualification en phase finale l’an dernier qui n’est pas anodine. Mais cette saison, c’est à nouveau plus poussif. Clermont doit revenir à sa grandeur, remettre du jeu et de l’enthousiasme. Je suis persuadé que le projet se met en place et que l’ASM va retrouver le haut de l’affiche. »
Cependant, l’ancien international Julien Malzieu s’interroge plus fermement : « Quand il a été recruté, je me suis dit que l’ASM avait besoin d’un mec comme lui, un caractère fort, des convictions. Il fallait lui laisser du temps. Mais ça fait trois ans… Il s’est entouré de mecs de confiance, il a fait son recrutement et ça ne fonctionne pas. Est-ce que son discours marche toujours ? Il parle fort, mais j’ai la sensation que ça fait ni chaud, ni froid aux joueurs. Son tempérament à l’ancienne, est-ce que ça marche avec la nouvelle génération ? La mayonnaise ne prend pas. Il a été évincé de Bordeaux alors qu’il avait des résultats. Il y a beaucoup trop d’interrogations et de zones d’ombre. »
Alexandre Audebert pointe également un problème de communication : « Ce qui me fait bizarre, c’est qu’il n’y a qu’Urios qui communique. Le président est invisible. Le directeur général parle un peu. Les joueurs, on ne les entend presque pas. Est-ce qu’ils la ferment pour se concentrer ou par peur de se prendre un retour du staff ? Est-ce qu’il y a un malaise ? Urios semble jouer les paratonnerres… »
Julien Malzieu conclut avec une mise en garde sans équivoque : « Si j’entends un mec dire : ‘On joue le maintien’, ce serait du foutage de gueule ! Clermont a l’effectif pour être dans le top 6. Avec la réception de Bordeaux, le déplacement à Montauban et la réception de La Rochelle, tu vas être vite fixé. Déjà, si tu perds au Michelin contre l’UBB, ça va commencer à sentir mauvais… C’est le révélateur, soit tu joues les 6, soit tu galères. »
Le rendez-vous au sommet est lancé pour l’ASM Clermont, entre espoirs et doutes, dans une saison qui pourrait s’avérer décisive pour l’avenir du club et de son manager emblématique.







