Ce samedi soir, le match Clermont – Bordeaux-Bègles s’est déroulé dans des conditions pour le moins inhabituelles : un brouillard épais enveloppait le stade Marcel-Michelin, rendant la visibilité presque nulle. « Certains se demandaient s’il y avait vraiment deux équipes sur le terrain », témoigne l’atmosphère irréelle qui a plané tout au long de la rencontre.
Face à ce décor quasi cinématographique, l’arbitre Kévin Bralley a dû repousser le coup d’envoi à 21h01, jugeant la visibilité insuffisante. « Je ne peux pas y aller, on n’y voit rien. Il faut attendre que ça se disperse parce que les joueurs ne peuvent pas voir le ballon », a-t-il expliqué avec lucidité. Lorsque le match a finalement commencé, les Clermontois peinaient déjà à saisir la trajectoire du ballon, donnant lieu à une mêlée dès les premières secondes, annonçant un jeu difficile et haché.
Même depuis les tribunes, l’exercice d’observation était compliqué. Sous le micro de Canal+, Philippe Groussard avouait son désarroi : « Là je ne sais pas qui c’est », plaisantant lorsqu’il confondait les joueurs. Sur le terrain, la situation n’était guère meilleure. Les trajectoires se devinaient plus qu’elles ne se voyaient, les ballons semblaient surgir de nulle part. À la pause, l’entraîneur de l’UBB, Christophe Urios, reconnaissait : « Les conditions ne sont pas simples, on ne voit pas beaucoup, pour les joueurs c’est un peu pareil sur les trajectoires de ballon, ce n’est pas facile. » Le deuxième-ligne Thomas Ceyte ajoutait : « On n’y voit rien, le ballon glisse et puis on va se resserrer parce qu’on a besoin de ça. »
La deuxième période n’a pas offert davantage de clarté. À la 54e minute, Bordeaux-Bègles croit inscrire un essai, mais Kévin Bralley interromp son action, ne parvenant pas à statuer clairement. Le TMO a été sollicité, mais là encore, la vidéo était décevante. « Si on n’a pas une image claire d’un touché à terre, le ballon est dans l’en-but donc je reviendrai à la pénalité », expliquait-il, avant d’admettre : « Une image claire ce soir, ça n’existe pas vraiment. » Finalement, après insistance, l’arbitre confirma l’essai dans un échange teinté d’humour : « Je te confirme qu’il y a essai. – Très bien parce que sur l’écran dans le stade, on n’y voit strictement rien. »
Malgré ce contexte quasi onirique, Clermont a su tirer son épingle du jeu en s’imposant 34-19. Le public, souvent à la recherche du ballon plus qu’à sa saisie visuelle, retenait surtout l’essentiel : une victoire précieuse, rare ces dernières semaines, qui laisse entrevoir une éclaircie dans la saison des Auvergnats. Une vraie trouée de lumière dans la brume, au sens propre comme au figuré.






