Longtemps freiné par une cheville récalcitrante, Cyril Baille retrouve ce dimanche soir (21h05) une place de titulaire au Stade Toulousain face à La Rochelle. Une opportunité rare cette saison pour l’international français, déterminé à prouver qu’il peut redevenir le pilier qu’il fut.
Interrogé sur cette titularisation, le joueur n’a pas caché son soulagement dans les colonnes de L’Équipe : « C’est un beau cadeau de Noël. »
Sa dernière titularisation remontait au 20 septembre, contre Montpellier, une rencontre marquée par des regrets. « Ma cheville n’était pas au top de sa forme. Il a fallu reprendre quelques bases pour essayer de revenir du mieux possible. Les prépas m’ont beaucoup aidé durant cette période. Ça n’a pas été facile, c’est pourquoi je suis très heureux de revenir sur le terrain ce soir », confie-t-il.
Cette longue absence fait suite à une blessure grave : rupture ligamentaire et fracture du péroné en juin 2024 lors de la demi-finale face à… La Rochelle. Dix-huit mois de reconstruction, pendant lesquels il a vu sa place décliner aussi bien en club qu’en équipe de France.
« Mon corps m’a souvent lâché. J’ai eu pas mal de blessures importantes. La dernière en date a été très compliquée, surtout après l’opération. Il faut être très fort mentalement. J’ai la chance d’avoir une cellule familiale qui m’aide beaucoup, des amis qui sont là aussi. Ce n’est pas facile, mais il y a quand même pire dans la vie. C’est sûr qu’on a parfois des moments de bas, mais on a aussi beaucoup de moments de hauts », confie-t-il avec lucidité.
Plutôt que de s’apitoyer, Baille a endossé un rôle de grand frère. Peu utilisé, il est devenu un soutien pour les jeunes piliers, allant jusqu’à les aider en lançant la touche. « J’ai aussi été à la place de ces jeunes. Je sais que quand t’as 20 ou 21 ans, t’as un peu plus d’appréhension, tu te poses beaucoup de questions. Alors, si je peux les aider à avoir un peu moins de stress, je le fais avec plaisir », explique-t-il.
Aujourd’hui, la douleur persiste mais se contrôle. « Le problème, c’est l’arthrose qu’il y a autour et qui me gêne pas mal. Si je veux continuer à rester performant, je dois travailler encore plus pour regagner en mobilité et en élasticité, parce que si je n’en fais pas plus, l’arthrose gagnera du terrain sur l’os et ça deviendra de plus en plus compliqué. Je suis conscient des douleurs que j’ai, de la concurrence à mon poste, avec des joueurs qui se révèlent et réalisent de très beaux matches. Mais je n’ai pas envie que ça s’arrête. Je ferai donc tout pour que ça continue », assure-t-il.
Son travail acharné n’est pas passé inaperçu. « Il est prêt physiquement. Il s’est beaucoup entraîné. Franchement, tout le monde l’a remarqué, il a vraiment bossé comme un fou pour revenir et être prêt pour ce match. Tout ça en gardant le sourire. Cyril a toujours une connerie à dire. Parfois, il faut se méfier quand on est jeune dans le vestiaire (sourire). Il fait toujours la blague qu’il faut pour dynamiser un groupe et apporter du plaisir », souligne Clément Vergé.
Mais il faudra désormais concrétiser sur le terrain. Face à La Rochelle et à son ami Uini Atonio, l’ex-n°1 français jouera gros. Clément Poitrenaud rappelle : « Cyril est un garçon qui a été le meilleur pilier du monde pendant de nombreuses années, qui a apporté énormément sur des matches qui comptaient beaucoup pour nous. Là, il est soumis à une concurrence très importante avec des garçons qui montent en puissance. C’est la loi du sport de haut niveau. À lui, sur ce match contre La Rochelle et sur ceux qui arriveront après, de prouver qu’il est capable de redevenir le n°1 et de rentrer dans la rotation. Sa blessure a été délicate à gérer et Cyril a mis du temps à retrouver son meilleur niveau. Mais il reste un joueur très important de notre effectif, à la fois dans le vestiaire et sur le terrain. On a tous envie qu’il fasse un gros match ce soir. »
À six semaines du Tournoi des Six Nations, son avenir en équipe de France dépend en partie de cette soirée. « Fabien m’a appelé. J’ai aussi William qui m’écrit régulièrement pour savoir comment je vais. Ça fait plaisir de se sentir soutenu. Maintenant, c’est à moi de jouer », dit-il.
Ce dimanche, Cyril Baille n’aura plus d’excuses. Stade Toulousain, La Rochelle, public, concurrence, équipe de France en ligne de mire : le décor est planté. Le pilier toulousain tient une véritable chance. À lui de montrer qu’il en a encore sous la semelle.







