Au Racing, l’hiver a mis en lumière des certitudes solides. Dans un pack souvent pointé du doigt pour son irrégularité, deux joueurs se sont imposés comme les leaders incontestés : Romain Taofifenua, de nouveau patron de la mêlée, et Jonny Hill, l’Anglais au gabarit impressionnant et au palmarès étoffé. Le premier a retrouvé son rang et impose désormais sa loi, tandis que le second s’est rapidement intégré au jeu ciel et blanc, devenant indispensable.
Arrivé lors de l’été dernier, Hill a intégré l’effectif francilien avec une aisance surprenante. Fort de vingt-et-une sélections en équipe d’Angleterre, d’une expérience chez les Lions britanniques et irlandais en 2021, le deuxième ligne a déjà disputé « 12 feuilles de match sur 13 possibles » en Top 14. Pour l’entraîneur Patrice Collazo, il est un élément clé : « Hill est l’un de ses soldats du quotidien ». Combatif et infatigable, il multiplie les efforts, grattant les ballons et n’hésitant jamais à s’engager pleinement. Face à Montauban, il a même réalisé une percée d’une trentaine de mètres, prouvant qu’à 31 ans son énergie est intacte.
Aux côtés de Hill, Taofifenua s’affirme à nouveau comme un leader naturel. Capitaine lors du dernier derby francilien, il impose son territoire en mêlée, dans les mauls et sur chaque impact. Cette montée en puissance du duo arrive au moment idéal pour le Racing, qui peut ainsi viser une place dans la première moitié du classement avec un calendrier favorable.
L’histoire de Jonny Hill se distingue par son originalité dans ce vestiaire professionnel. Né loin des centres de formation élite, il a grandi dans « une ferme de 60 hectares près de Ludlow », dans l’ouest de l’Angleterre. Avant le rugby, ses passions étaient autres : le football au poste de latéral gauche et les soirées fléchettes au Salwey Arms avec ses amis Bill et Rick. C’est au Luctonians RFC qu’il découvre le rugby, avant qu’un entraîneur, Simon Green-Price, ne détecte en lui un potentiel inexploité.
Son parcours s’accélère alors vers Hartpury College, une institution reconnue outre-Manche. Sa croissance physique est rapide, il atteint « un double mètre » et confirme son talent en devenant champion d’Europe avec Exeter en 2020. Il passe également par Sale et Gloucester, se forgant une expérience solide dans la rude Premiership anglaise.
Pourquoi avoir choisi la France ? Pour Hill, ce choix n’est en aucun cas un repli ni un frein à ses ambitions internationales. « Je voulais vraiment essayer de jouer en Top 14 », déclarait-il au Telegraph. « Ma philosophie est simple : si ça ne me plaît pas, je peux toujours rentrer chez moi. Je voulais tenter le coup, me lancer dans quelque chose de différent. » Le Racing lui a offert cette opportunité.
L’adaptation culturelle a été immédiate et marquante. « Il y a quelques semaines, nous avons joué à Perpignan et nous nous sommes fait asperger de pintes de bière pendant une bagarre sur le terrain. Puis il y a eu Castres, Paris, bientôt Bordeaux… En Angleterre, j’ai déjà joué partout. Ici, c’est tous les jours différent et j’adore ça. » Conquis par ce nouveau défi, Jonny Hill fait aujourd’hui figure de pilier incontournable du Racing, prêt à porter son équipe vers les sommets.







