Dimanche soir, au Stadium, le Stade Rochelais a vécu un cauchemar face au Stade Toulousain lors de la 13e journée du Top 14, s’inclinant lourdement sur le score de 60 points encaissés. Une déroute qui suscite de nombreuses interrogations.
Jean-Baptiste Elissalde, interrogé par France 3, dresse un constat sans appel sur la performance rochelaise. Selon lui, deux facteurs majeurs expliquent cet écart : « La première chose, c’est la différence flagrante d’énergie entre les avants toulousains qui se déplaçaient très vite et trop vite pour les Rochelais, par rapport aux avants rochelais qui étaient un peu trop statiques. Une fois que Toulouse trouve de la vitesse et commence à enchaîner et à jouer debout autour de leur demi de mêlée, ça ressert les défenses et il y avait beaucoup d’espace. »
Il souligne également les failles défensives dans le secteur des centres : « Toulouse est une équipe qui dézone beaucoup, qui court beaucoup dans (tous) les sens, il faut absolument que les centres en face, fassent la même chose, essayent d’aller défendre à l’opposé du terrain. Ça demande énormément de boulot. Mais là, ils étaient bien trop souvent seuls, c’est-à-dire qu’un des deux centres ne faisait pas de dézonage défensif, donc étaient sur les talons, reculaient, et ça se termine par un moment de grâce de la part de Dupont et d’autres joueurs très talentueux et ça fait une grosse différence. »
Le technicien pointe aussi les difficultés causées par de nombreuses blessures au sein de l’effectif : « Je pense que l’équipe était déjà en difficulté avec un nombre de blessés important. La deuxième ligne ne me rassurait pas trop, tant au niveau puissance qu’au niveau déplacement. Uini (Atonio) revient de blessures. Y a beaucoup d’absents dû à l’infirmerie. Il y avait, entre guillemets, peut-être 20 points de trop d’un côté et 10 points de moins de l’autre. Il y avait bien sûr un écart hier soir, mais pas aussi important. Ce qui est bizarre, c’est de voir La Rochelle avec énormément d’énergie face à Bayonne et de le voir une semaine après presque sans énergie et très vite éteint par le Stade toulousain. »
Elissalde ne tarit pas d’éloges sur la performance individuelle d’Antoine Dupont, auteur d’une rencontre exceptionnelle : « On ne peut qu’admirer. C’est un garçon qui n’a pas forcément besoin d’énormément d’espace. Il voit tout souvent avant les autres. Il a une faculté d’adaptation incroyable, un pouvoir athlétique que peu ont, il est totalement complet et hors normes. Et si en plus de ça, tu le laisses courir avec le boulon, et t’es souvent en retard et tu ne le presses pas, il est capable de ce qu’il a fait hier soir : marquer des essais, distribuer des passes décisives, faire des passes au pied, c’est quasiment inarrêtable. »
Il ajoute : « Ce qui m’a le plus choqué, dans le bon sens du terme, c’est le déplacement des avants toulousains offensivement : ça vit, il y a du monde autour du boulon tout le temps, y a beaucoup de monde autour de Dupont donc ça lui donne beaucoup de choix et de bons choix à faire et même quand ils se trompent, ils arrivent toujours à trouver de l’avancée. Après quatre semaines de compétition et dix mois d’arrêt, le retrouver à ce niveau-là, c’est assez incroyable. »
À mi-saison, Elissalde dresse un premier bilan mitigé pour le Stade Rochelais : « En fait, elle est un peu à réaction : des mauvaises prestations sont suivies de bonnes prestations, comme le match à Lyon, le match de Bayonne la semaine dernière. Il y a eu un turn-over effectué en coupe d’Europe pour savoir si quelques jeunes avaient le niveau, ce qui s’est plutôt pas mal passé, même si on a eu 45 points d’écart, on a quand même vu quelques jeunes arrivés sur le terrain. La première partie de saison n’est pas catastrophique. »
Selon lui, la lutte pour une place dans le top 6 s’annonce serrée : « D’un point de vue comptable, à une victoire près, tu peux être quatrième du championnat. Pour entrer dans les six, il faudra absolument faire une série de trois, gagner trois matchs d’affilée, notamment un à l’extérieur et deux à domiciles, ce que les mettrait dans le haut du panier. En revanche, si tu restes à gagner à domicile et à perdre à l’extérieur, ça va se jouer sur des bonus, les calendriers… Pour être à l’abri de ça, il faudra gagner trois matchs d’affilée. »
Le Stade Rochelais doit donc vite redresser la barre pour éviter que cette lourde défaite ne scelle son sort en cette première moitié de saison.
