Le jeune joueur des Espoirs du Stade-Français Paris, Nicolas Chauvin est décédé lors d’un match contre les Espoirs de Bordeaux-Bègles après avoir subi un double plaquage, en décembre 2018.
Lors d’un long entretien accordé au quotidien régional Le Parisien, le père de Nicolas Chauvin a exprimé sa colère. Il explique que rien n’a évolué depuis la mort de son fils. Extrait:
“Je n’ai rien à gagner. Moi, j’ai déjà perdu. Mon fils est mort. Je pourrais passer à autre chose et me dire qu’ils sont tous compromis, tous incapables, mais le rugby, c’est vingt-cinq ans de ma vie, des personnes que j’ai côtoyées et que j’apprécie, mes enfants qui le pratiquent ou l’ont pratiqué. Je refuse de tirer un trait sur toutes ces valeurs. Pour positiver, on pourrait dire que lorsque l’on veut protéger quelqu’un, toute mesure est bonne. Mais a-t-on vraiment bien ciblé les zones accidentogènes? J’en suis moins sûr. Les plaquages à deux sont interdits en Fédérale 2 et dans les divisions en dessous, ça veut dire que chez les Espoirs, on continue. Il y a des zones qui doivent être sanctuarisées, au-dessus des épaules. La nuque, la tête, doivent être intouchables. Les sanctions devraient être beaucoup plus sévères en cas de plaquage haut.”
Il estime que comme en Fédérale 2, les joueurs de Top 14 et de Pro D2 devraient plaquer uniquement aux jambes et pas plus haut. Extrait:
“C’est très bien de dire de plaquer aux jambes en Fédérale 2 mais si on laisse les joueurs internationaux ou du Top 14 et de la Pro D2 se rentrer dedans, on ne passe pas les bons messages. En octobre, un gamin de 12 ans a été évacué en hélicoptère suite à un KO après un double plaquage appuyé dans le Lot. Les enfants des écoles de rugby regardent la télé. On ne peut pas avoir un sport à deux vitesses. Ou alors il faut expliquer à tout le monde que quand on joue en Elite, on met sa vie en danger et il faut encadrer les participants, leur faire signer des décharges pour qu’ils soient bien conscients de ce qu’ils font et souscrire des assurances à la hauteur.”
Par ailleurs, il n’a pas apprécié les propos de certains estimant qu’il fallait renforcer les tests d’aptitude physique des joueurs avant de les faire jouer au rugby. Il a pris cela comme une attaque. Extrait:
“Dire qu’il faut renforcer les tests d’aptitude physique à l’entrée en catégorie Espoirs, ça semble signifier que Nicolas n’était pas prêt. Il avait 11 ans de rugby, faisait du sport tous les jours entre Staps et le Stade Français, mesurait 1,95 m et pesait 95 kg, et il avait passé tous les tests physiques médicaux possibles. Le problème c’est un excès de violence qui concerne moins de 10 % des joueurs. Que faire pour les empêcher de jouer? Il faut qu’ils reviennent à un engagement qui n’est pas de la destruction. Si on donne dix ou douze semaines de suspension pour un geste dangereux sans admettre la moindre circonstance atténuante car une fois peut être fatale, tout le monde va vite comprendre.”
Pour conclure, il affirme avoir eu une discussion avec son fils lors du décès de Louis Fajfrowski survenue en août 2018. Extrait:
“Mon fils ? On ne lui a rien demandé. Personne ne lui a fait signer une décharge stipulant qu’il risquait la mort sur un terrain de rugby. S’il m’avait dit ça, je lui aurais dit d’aller jouer au rugby à 7. On a eu une discussion tous les deux après la mort de Louis Fajfrowski. Je lui ai demandé s’il avait des protections, des garanties. Il m’a dit de ne pas m’inquiéter, que tout était normal. Évidemment, ce sont des sujets dont on ne veut pas trop parler.”