Ce vendredi après-midi, l’EPCR a annoncé que le match de Champions Cup opposant le Stade-Toulousain à Cardiff était finalement annulé en raison des nombreux cas positifs détectés dans les rangs Toulousains.
L’EPCR a également indiqué que la victoire bonifiée sur tapis vert revenait à Cardiff sur le score de 28 à 00.
C’est donc un zéro pointé à domicile pour les Toulousains qui sont, comme vous pouvez l’imaginer, furieux.
Interrogé en conférence de presse (propos retranscrits par Rugbyrama sur Twitter), le président Toulousain Didier Lacroix n’a pas manqué d’exprimer sa grande colère.
Il ne comprend pas pourquoi l’EPCR décide d’annuler le match alors que Toulouse a pris toutes les précautions nécessaires et a concocter une feuille de match de 23 joueurs avec des joueurs tous testés négatifs.
Didier Lacroix l’annonce : il va attaquer l’EPCR sur cette décision qu’il n’accepte en aucun cas.
Voici la longue déclaration de Didier Lacroix effectuée ce vendredi après-midi :
“J’essaye depuis un moment de me taire, de faire preuve de résilience, de mettre le club face à ses difficulté, pour autant la colère est montée très très haut face à une injustice.
Je reviens à mi-décembre, au moment où le Stade-Toulousain se retrouve dans une dynamique terrible de ses deux titres et on doit recevoir les Wasps et le Stade français à guichets fermés. En parallèle arrive un variant, Omicron, que l’on craint terriblement. Lyon part, fait son match, et toutes les confrontations Franco-Britanniques sont reportées et nous attendons notre sentence car la sanction de l’EPCR. Elle arrive, report des rencontres devant se jouer en sol français face aux Britanniques. Il y a un moment d’incompréhension.
Je passe vite sur les décisions tout aussi atroces du Top 14 avec une psychose de la part des conseillers médicaux autour des organisateurs qui eux, ensuite, prennent les décisions. Le match du Stade-Français a été reporté le 26 au matin. On a peur à ce moment là d’une diffusion massive de l’Omicron dans les rangs du Stade-Français mais le problème, c’est qu’on ne savait pas si c’était l’Omicron. Mais le match est reporté.
On a, à la louche, 30/40% du public qui vient exprès pendant les vacances et on ne les reverra pas le 11 février, malgré l’abandon des jauges qui est une des rares bonnes nouvelles, qui nous permettra de jouer au Stadium dans un même environnement, pas dans les mêmes conditions. On encaisse mal cette étape du Stade-Français qui nous oblige à chercher des responsables face au marasme économique que cela engendre et à faire les comptes des deux matchs reportés et cela nous déstabilise sur un plan sportif.
C’est compliqué pour les joueurs, on se rend compte que les matchs vont se jouer dans la période de doublons, période sur laquelle vous n’avez jamais entendu manager ou président du Stade-Toulousain se plaindre. Nous sommes ravis de grands joueurs internationaux parmi nos rangs et nous avons toujours mis l’équipe de France en priorité dans la vision de la coupe du monde 2023. Cependant, gérer c’est prévoir, nous avons commencé à faire des hypothèses selon les joueurs sélectionnés ou non et nous allons enchainer les matchs de façon assez ahurissante et on peut entrevoir une difficulté supplémentaire dans cette période de doublons sur un plan sportif.
On ne cesse de pouvoir expliquer aux gens qu’on attend de connaître les dates de reports, de savoir où les matchs de joueront sauf que coupe d’Europe : on ne parle plus de report mais d’annulation et on nous impose des résultats. Je n’ai toujours pas compris les critères du résultat match nul, deux points face aux Wasps. Je ne vois pas comment on peut s’en contenter.
Montpellier ne vient pas, nouveau report. On est face à des équipes qui n’ont pas l’effectif nécessaire. La LNR a demandé les reports car Paris et Montpellier ne peuvent respecter les règles. Et pendant ce temps le Stade-Toulousain subit et ne prend pas la parole sur le sujet. Parce que d’évidence nous savions que ça nous arriverait même si jusqu’à cette semaine, et je remercie Jérôme Cazalbou, nous pouvions toujours présenter une équipe performante et nous avions pas connu un match en demande de report/annulation issu de notre responsabilité.
Et cette semaine, dès lundi on sent qu’on est en danger avec 4 cas. Je vous rappelle que nous sommes obligés de faire des tests à j-2 et pour autant nous avons mis un protocole interne très strict en place. Nous avons sorti au fur et à mesure les joueurs infectés. Si on va dans la parano, est-ce qu’on a été infecté dans la vie courante ? Est-ce qu’on a été infecté aux Wasps ? Voyez où le regard se porte.
On a la chance et la rigueur d’avoir un staff et un club capable de présenter une équipe selon les règles de la LNR qui doivent être appliquées par l’EPCR puisque le match se joue en France. Nous avions présenter une équipe demain et nous avions de la marge, alors que les équipes qui avaient eu match perdu jusqu’à présent ne pouvaient pas présenter une équipe.
Ce que je trouve incroyable et scandaleux c’est que l’EPCR n’applique pas les règles éditées. Oui Antoine Dupont est covidé mais nous n’allons pas nous cacher derrière ça. L’EPCR ne nous permet pas de jouer et on rechange les règles c’est plus deux points chacun, c’est match perdu. À qui profite le crime ? Nous allons devoir passer le week-end à regarder les résultats et peut-être ne pas être totalement supporter du Castres Olympique. Je suis désolé pour mes amis de Cardiff néanmoins on peut dire que la décision, si elle est confirmée, d’une victoire 28-0 qui les relance dans la qualification, est plutôt bénéfique pour eux.
Suite à l’ensemble des envois et aux courriers de la LNR sur notre capacité à respecter les règles et à présenter une équipe, nous sommes convoqués hier soir à 20h par l’EPCR. 21h07, entrée en réunion, ça dure 40 minutes, et alors qu’on attendait la décision, vide sidéral jusqu’à ce matin 11h30. On apprend que nos amis Gallois savent déjà que le match est annulé et annulent leur vol avant que nous ne le sachions nous et ce sans pouvoir discuter.
Toutes nos remarques pour expliquer notre protocole très strict, le fait que nous pouvions présenter une équipe, vrai signe de notre rigueur et professionnalisme, n’ont pas été prises en compte. Ça remet en cause la crédibilité des décisions et le mode de prise de décision de l’EPCR. Ma question est, quel est le motif de cette décision ? En quoi les rencontres qu’on a joué à Cardiff et aux Wasps étaient plus sécurisantes que celle qu’on avait à jouer demain ? Est ce qu’on a sauvé une vie en ne jouant pas demain ?
À un moment, d’évidence on se demande jusqu’où on va aller. On ne se dit pas que tout est fait contre nous mais tout de même, on se demande ce qu’on a fait. La première décision est préjudiciable à pas mal de clubs et remet en cause la crédibilité du classement de la Champions Cup. La deuxième encore plus. Ce qui est arrivé à Toulon l’an dernier est en train d’arriver à nouveau.
Cette décision est attaquable juridiquement mais nous savons qu’elle ne sera pas jugée assez rapidement. Nous le ferons quand même pour des raisons économiques et car il y a un manque de respect total et qu’il y a un organisateur qui doit se justifier sur son mode de décision.
Cela fait 5 semaines qu’on ne respecte pas ce qu’est un sportif. Au final, nos joueurs se préparent pour des échéances et quand ils repartent sans ce plaisir de jouer après avoir bossé dur et qu’on les punit d’une faute qu’ils n’ont pas fait, c’est dur.
Cette décision est parfaitement inacceptable. Pour quelle faute ? Testons les équipes a posteriori des matchs, nous serions surpris du nombre de joueurs positifs et aujourd’hui on a match perdu car on met en danger Cardiff ? Je ne l’accepte pas.
Depuis tout petit on nous apprend que le plus important c’est la non-contestation de l’arbitre. Le stade-Toulousain respecte toujours la décision à condition qu’elle soit motivée sur la règle. Alors que là, la règle est respectée. Tant qu’on a un millième à jouer, on va le jouer. Croyez-moi que si on est qualifié on va se préparer pour les huitièmes…
Il va falloir trouver des responsables face à cette hérésie. Mais la compétition européenne est hyper importante et bien entendu qu’on ne va pas s’en retirer, ce serait leur donner raison.
Je crie aussi fort aujourd’hui car c’est une véritable injustice. On a le mérite de faire en sorte d’apprendre aux gamins à respecter le règlement, et l’arbitre. Je ne sais pas à quel niveau il faut rétablir la balance mais on ne peut pas se cacher derrière le COVID.
Mon plus gros regret c’est qu’on se soit pas posé la question de jouer le 27 face à Paris. Pareil, si Cardiff veut venir lundi on joue lundi. On se serait retesté, j’étais même prêt à aller au delà de la règle. On est prêts à jouer avec des jeunes. Pourquoi on donne des listes en début d’année ? Ces joueurs peuvent jouer en coupe d’Europe. Et on sait prouver qu’ils n’étaient pas en contact avec les positifs et malgré tout on a pas le droit de jouer.
Tout est possible pour un match dimanche ou lundi. La probabilité est faible mais je n’y croyais tellement pas qu’on nous prive de ce match que maintenant j’y crois, tout est possible.
On a 6 joueurs de première ligne et une feuille complète de joueurs négatifs et pas cas contacts.
Ça a été injuste pour Toulon, pour le Stade français à la J2, nous ne sommes pas les seuls à être lésés. La COVID ne donne pas une explication à tout. Il faut remettre en cause cette compétition et sa crédibilité. Il va falloir faire bouger les lignes. Je suis face à une situation dans laquelle on nous rend responsable et on nous sanctionne.
Dans son communiqué, l’EPCR dit que ce n’est pas une sanction. Mais match perdu il y a quoi de pire ? On va pendre les joueurs positifs ? Un match comme celui de demain nous prive d’à peu près 600 000 euros de recettes nettes. Et tant mieux pour eux, ce n’est pas un geste noble d’ailleurs, mais on va livrer notre 4eme repas à la banque alimentaire et au secours catholique.”