Ce vendredi soir, juste avant le coup d’envoi du match entre le XV de France et le Pays-de-Galles, un hommage sera rendu à Medhi Narjissi, tragiquement disparu en Afrique du Sud, au mois d’août dernier.
Interrogé via Sud-Ouest, le papa du jeune joueur, Djalil Narjissi se veut clair sur cet hommage.
Selon lui, c’est le minimum du minimum. Extrait:
Que ce soit clair, cet hommage répond à une demande de la famille. C’est le minimum du minimum de ce qu’ils doivent à notre fils Medhi. C’est après un échange avec Sylvain Deroeux, secrétaire général de la FFR, que la fédération nous a proposé de faire cet hommage dans le cadre de ce match.
Il sera d’ailleurs présent au Stade de France avec son épouse. Extrait:
Mon épouse et moi-même avons été pris en charge par la fédération qui a tout organisé pour notre arrivée à Paris, là-dessus je n’ai rien à dire. Mais encore une fois, c’est le minimum. Cela n’empêche pas que nous avons porté plainte contre la FFR. Elle était responsable de notre fils, que nous lui avons confié le 30 juillet. Il n’est jamais revenu. On ne l’a jamais retrouvé. Comment voulez-vous qu’on fasse le deuil ?
Il espère pouvoir rencontrer le président de la FFR, Florian Grill. Extrait:
J’espère que oui. On s’est déjà vu bien après notre retour d’Afrique du Sud quand on s’était rendu sur place pour essayer de comprendre ce qu’il s’était passé. La FFR a reconnu que des fautes graves avaient été commises par l’encadrement. Elle a reconnu tous les torts. Je le redis : ma famille est détruite, dévastée. On ne vit plus depuis le 7 août.
Mon fils est parti pour l’équipe de France, pas pour une colonie de vacances. Il a disparu sous le drapeau de l’institution du XV de France à cause de fautes graves de l’encadrement. Il n’y a pas de mots pour décrire notre souffrance au quotidien. Je ne souhaite à personne ce que l’on vit, même pas aux encadrants des U18. Une enquête est en cours. La justice fera son travail. Ils seront punis mais nous, notre peine, elle est à perpétuité.
Il indique n’avoir aucune nouvelle du staff de l’équipe de France U18 et n’avoir reçu aucun message. Extrait:
On a aucune nouvelle de l’encadrement. Aucun message. Aucun. Le seul contact qu’on a eu, cela a été avec le président de la fédération et depuis avec Sylvain Deroeux qui au quotidien est en contact avec moi, notamment pour la mise en place de cet hommage à notre fils. Il est aujourd’hui présent même si, le jour de la catastrophe, on n’a pas été accompagné par aucun autre membre de la FFR sinon l’enquêteur, ni son président. On a eu ses explications. Je ne les accepte pas mais je les entends, on ne va pas revenir là-dessus.
Il affirme que très peu de parents leur ont apporté leur soutien suite à ce drame. Extrait:
On a eu deux messages. Deux messages sur 28. Leurs enfants étaient tous dans l’eau le 7 août malgré les panneaux d’interdiction. Il y a une mise en danger de la vie d’autrui. Cela aurait pu être bien plus catastrophique encore. Je peux comprendre que les gens aient du mal à aborder une famille qui est décimée, détruite. Mais cela fait six mois… Les valeurs du rugby comme on dit…
Moi, ça aurait été un autre enfant, un autre que mon fils qui aurait disparu, j’aurais contacté les parents, j’aurais été à leur côté, j’aurais été à leur soutien. Même si c’est difficile. Ils ont peut-être peur que leurs enfants ne soient plus sélectionnés. Mais si ton enfant est bon le week-end, il sera sélectionné. Mon fils ne faisait pas un sport individuel, il ne faisait pas du tennis, il faisait du rugby. C’est quoi nos valeurs ?
Il se dit très ému par l’hommage rendu par le Stade-Toulousain, en Afrique du Sud, il y a quelques semaines. Extrait:
Je n’ai pas de mot pour décrire l’amour que témoigne le Stade Toulousain pour Medhi. C’est sa deuxième famille. C’est très fort. Ils sont très, très présents à nos côtés. C’est très fort avec le club, ses bénévoles etc. C’est ce qui me fait encore croire au rugby et à ses valeurs.
Il conclut. Extrait:
Saint-Denis, c’est chez moi. J’y suis né. Medhi y a été sacré champion de France. Je préférerais le voir en finale qu’à l’affiche d’un hommage. Il aurait dû être sur le terrain. C’est inhumain ce que l’on vit. On pleure tous les jours notre fils, tous les jours. Encore une fois, Medhi n’a pas été victime d’un accident. Ce n’est pas la fatalité. Il a été victime d’une catastrophe qui a été provoquée. Quand elle est survenue, aucun des neuf encadrants ne s’est jeté à l’eau. C’est un gamin de 16 ans, Oscar, que je ne remercierai jamais assez, qui a essayé de sauver son copain. Il y a cette lâcheté de ne pas avoir tenté de secourir mon fils, de ne pas avoir fait une chaîne humaine. C’est ça qui nous ronge.
