Un climat de tension persistant entre Mohed Altrad et la municipalité de Montpellier vient de franchir un nouveau cap. Le président du Montpellier Hérault Rugby (MHR), lassé de ce qu’il considère comme une inertie politique, a clairement laissé entendre qu’il pourrait retirer son club du GGL Stadium.
Une sortie musclée, sur fond de guerre froide avec le maire Michaël Delafosse, et d’ambitions contrariées pour le rugby montpelliérain.
« Aujourd’hui on est avant-dernier, selon l’enquête de L’Équipe. » C’est par ce constat lapidaire que Mohed Altrad a ouvert le feu, lors d’une conférence de presse tenue mardi. Selon lui, les infrastructures du GGL Stadium, inauguré en 2007, sont aujourd’hui obsolètes, en décalage avec les standards du Top 14.
L’homme d’affaires, à la tête du club depuis plus d’une décennie, juge qu’un nouveau stade est désormais indispensable pour répondre aux ambitions sportives du MHR.
Et l’avertissement est clair : en attendant un éventuel chantier, les matchs pourraient être délocalisés.
« Aller à Béziers est une hypothèse très sérieuse. Je laisse le temps aux gouvernants de Montpellier pour savoir comment ils réagissent », a prévenu le président via L’équipe. Une menace qui n’est pas sans fondement : durant l’hiver, deux rencontres avaient déjà été déplacées à Béziers en raison de l’état jugé impraticable de la pelouse montpelliéraine.
Altrad ne s’arrête pas là. Il affirme être prêt à investir personnellement jusqu’à 200 millions d’euros dans un nouveau stade. Une initiative qui s’inscrit dans une volonté de racheter le complexe du Manoir, proposition déjà formulée à plusieurs reprises, mais systématiquement refusée par les élus successifs – d’abord Philippe Saurel, puis Michaël Delafosse.
Le ton est monté d’un cran lorsque le président du MHR a élargi sa critique à l’ensemble de la politique sportive municipale : « On a l’impression que Delafosse veut tuer le sport. Ils ont tué le foot, ils flinguent le hand maintenant. Il a dit au hand qu’ils n’auraient pas de stade avant dix ans et pareil au foot. C’est dommage. »
Un tir groupé qui cible la mairie et sa gestion des grands clubs de la ville, alors que le handball attend toujours une nouvelle salle conforme aux exigences européennes, et que le football, sous l’égide de Laurent Nicollin, milite pour un départ du vétuste stade de la Mosson.
Enfin, dans un dernier coup de théâtre, Mohed Altrad a évoqué un scénario radical : « La solution ultime est d’arrêter le rugby. » Une déclaration choc, qui pourrait marquer un tournant dans la relation entre la ville et l’un de ses mécènes les plus influents.
Déjà candidat malheureux aux élections municipales de 2020 face à Michaël Delafosse, Mohed Altrad pourrait bien, cette fois, tenter d’imposer ses vues par un autre levier : celui du retrait pur et simple de son soutien au rugby professionnel à Montpellier. Un bras de fer est désormais engagé, et l’issue reste incertaine.
