
À mesure que le rugby gagne en exposition, ses acteurs découvrent une réalité moins réjouissante : la violence des réseaux sociaux. Résultats décevants, erreurs d’un soir ou simple frustration… il n’en faut parfois pas plus pour déchaîner commentaires et insultes.
À Oyonnax Rugby, ce phénomène est désormais pris très au sérieux.
Pour les joueurs, l’époque a changé. Les matchs sont visibles partout, les ralentis tournent en boucle et les réactions en ligne arrivent immédiatement.
Le centre Maëlan Rabut le reconnaît via Le Progrès :
« Les réseaux, c’est quelque chose d’inévitable. On aimerait bien que ça soit moins violent… Mais cela fait partie des risques du métier. Alors, il faut être bien préparé et ne pas trop regarder. »
Le danger va au-delà du sportif. Un simple commentaire peut tomber au mauvais moment. Problèmes familiaux, fatigue, deuil… personne ne voit ce qui se passe en coulisses.
Pour le deuxième ligne Alban Roussel, la dérive est nette :
« Parfois, les gens ne se rendent pas compte du mal qu’ils peuvent faire. Ils voient la perf ou la contre-perf’, et critiquent sans savoir si dans sa vie privée le joueur ne rencontre pas des difficultés. Certains ont pu perdre un être cher la semaine du match ou rencontrer des problèmes familiaux. Pas mal de joueurs vivent très loin de leur famille… Ce qui me choque surtout, ce sont les commentaires de plus en plus violents. »
Le staff aussi tire la sonnette d’alarme. Le manager Fabien Cibray l’admet :
« Chez nous, on a eu des joueurs qui ont été mis en grande difficulté par les réseaux. Des mecs mis au poteau et fusillés (sic). »
Le club a donc choisi de réagir avant que les situations ne dégénèrent.
Sur place, la prévention s’organise. Interventions internes, conseils personnalisés, vigilance émotionnelle…
Selon Cibray :
« Aujourd’hui, les réseaux sociaux peuvent mettre des joueurs en souffrance, en burn-out, et on n’est pas forcément équipé pour ça. Alors on forme et on agit. » Les jeunes sont particulièrement suivis.
Oxyréens et supporters cherchent aussi à préserver une relation saine. Meetings, échanges et séances ouvertes au public participent à recréer du lien dans le réel. Car comme le rappelle le manager : « On sait que la confiance se gagne en gouttes et peut se perdre en litres. Et les réseaux nous font perdre des litres. »







