L’Aviron bayonnais a officialisé la prolongation de Gerard Fraser pour quatre saisons, une décision qui pourrait bouleverser la hiérarchie interne du club et placer son manager Grégory Patat dans une position délicate.
« Membre crucial du staff bayonnais, Gerard Fraser prolonge son contrat pour les 4 prochaines saisons ! » annonce clairement le club basque. Le technicien néo-zélandais, chef d’orchestre du jeu des trois-quarts, était en négociations depuis août dernier. Au fil des discussions, la proposition s’est progressivement allongée : initialement pour deux ans, puis trois, avant d’atteindre finalement quatre ans, accompagnés d’un bonus financier. Après mûre réflexion et consultation de ses proches, Fraser a accepté l’offre en début de semaine.
Cette prolongation exceptionnelle, aussi bien par sa durée que par son symbole, interpelle. Alors que Fraser s’engage jusqu’en 2030, le contrat de Grégory Patat ne court, lui, que jusqu’en 2028. Un adjoint donc mieux sécurisé contractuellement que son propre manager, une situation rare dans le rugby professionnel.
Ce déséquilibre soulève des questions en interne. Comment les joueurs vont-ils interpréter ce signal ? Quelle place accordent-ils à un staff où le bras droit dispose d’un engagement plus long que le patron sportif ? Pour l’instant, Patat n’a pas souhaité s’exprimer publiquement.
Plusieurs éléments renforcent ce malaise latent : l’arrivée récente de Laurent Travers, la longue prolongation de Fraser et le départ d’Alex Moon, un joueur que Patat souhaitait garder mais qui a finalement rejoint l’UBB. De plus, lors de l’annonce officielle, le club a mis en avant Fraser comme un pilier du projet, tandis que Patat est resté sans mise en lumière ni valorisation — un détail qui n’en est pas un à ce niveau.
Interrogé sur ce sujet par L’Équipe, le président Philippe Tayeb a déclaré fermement : « Offrir 4 ans à “Ged” Fraser, ce n’est pas affaiblir la position de Grégory Patat. C’est faux. » Malgré cette réponse claire, les interrogations persistent.
Sportivement, le bilan de Patat est solide. En trois saisons, il a qualifié Bayonne à deux reprises pour la Champions Cup, offert à Jean-Dauger un barrage de Top 14 à domicile et transformé l’enceinte basque en véritable forteresse. Il a su bâtir un collectif cohérent, structuré et solidaire. Pourtant, l’orientation du staff semble désormais plus tournée vers l’avenir que le présent, une dynamique qui pourrait fragiliser l’équilibre actuel.
Pour Bayonne, la prolongation de Gerard Fraser assure une continuité sportive, mais elle traduit également un message politique fort au sein du club. Reste à voir comment Grégory Patat va gérer cette nouvelle donne, dans un contexte où le moindre faux pas pourrait le rendre vulnérable, voire en faire le premier fusible.







