
En rappelant Asenathi Ntlabakanye pour pallier le forfait d’Ox Nche avant le test face à la France samedi (21h10), l’Afrique du Sud a non seulement renforcé son pack, mais aussi ravivé la controverse autour de son pilier droit, impliqué dans une affaire de dopage depuis cet été.
Un colosse précoce au parcours express
Âgé de 26 ans, Asenathi Ntlabakanye évolue depuis 2018 avec les Lions de Johannesburg en URC (United Rugby Championship). Sélectionné avec les Junior Springboks lors de la Coupe du monde U20 en 2019, il s’était alors distingué par sa puissance et son agilité, avant d’obtenir sa première convocation en équipe A cet été sous les ordres de Rassie Erasmus.
Il a disputé deux matches officiels avec les Springboks – face à l’Italie et à l’Australie – après un galop d’essai contre les Barbarians le 28 juin. En Afrique du Sud, on le décrit comme un pilier moderne, à la fois dense (plus de 140 kg) et mobile.
« C’est un joueur brillant, qui sent bien le ballon. Il est dynamique, il se déplace facilement et il sait se débrouiller en mêlée », a commenté Felix Jones, entraîneur adjoint de la sélection.
Un contrôle positif aux contours flous
Le 24 août, la Fédération sud-africaine (SARU) révélait qu’un test passé en juillet s’était avéré positif à une substance spécifiée – catégorie qui peut inclure des produits autorisés sous certaines conditions médicales. Mais quelques jours plus tard, le South African Institute for Drug-Free Sport (SAIDS) ouvrait une procédure disciplinaire pour usage de DHEA, une hormone interdite.
Le joueur reconnaît avoir pris un complément prescrit par un médecin, sans savoir qu’il contenait cette molécule. Selon la presse locale, il aurait suivi un traitement pour faciliter une perte de poids spectaculaire, passant de 160 à 141 kg en quelques mois.
« Les deux produits que Ntlabakanye a consommés lui ont été prescrits par des médecins », rapporte le Daily Maverick, précisant que le joueur plaide la bonne foi et la transparence.
Pas de suspension automatique
Le cas de Ntlabakanye reste juridiquement complexe. N’ayant pas été testé positif à la DHEA elle-même, mais ayant reconnu sa consommation d’un produit en contenant, il ne fait l’objet d’aucune suspension provisoire. Et comme la substance initialement détectée figure sur la liste des produits « spécifiés », aucune sanction automatique n’est prévue.
Il reste donc libre de jouer, même si une suspension de quatre ans pourrait être prononcée si la faute était confirmée.
Erasmus fait le choix du sportif
En dépit de la controverse, Rassie Erasmus a décidé de rappeler son pilier pour remplacer Ox Nche, blessé lors du large succès face au Japon (61-7) à Wembley.
Une décision qui tranche avec la prudence affichée en août, lorsque la fédération avait préféré le mettre à l’écart du Rugby Championship.
« Je ne ferai pas de commentaire sur cela », a éludé Felix Jones lundi à Paris, laissant entendre que le staff ne souhaitait pas mêler l’affaire à la préparation sportive.
Une affaire qui réveille les vieux démons
Le rugby sud-africain n’en est pas à son premier dossier de dopage. Ces dernières années, Aphiwe Dyantyi, Chiliboy Ralepelle ou Elton Jantjies ont tous été suspendus pour usage de produits interdits.
Dans ce contexte, le retour de Ntlabakanye, pourtant autorisé par les règlements, fait grincer des dents. Mais pour Erasmus, le besoin immédiat d’un pilier d’expérience semble avoir pris le dessus.
Le jeune colosse des Lions pourrait ainsi disputer samedi face aux Bleus le match le plus scruté de sa jeune carrière — entre réhabilitation sportive et pression d’une polémique encore loin d’être refermée.







