Cheikh Tiberghien, arrière de l’Aviron Bayonnais, s’est livré dans les colonnes de Midi Olympique sur son travail, ses méthodes et son adaptation aux nouvelles règles du rugby.
Le joueur a notamment évoqué sa collaboration avec Camille Lopez, aujourd’hui entraîneur à Bayonne : « Camille me conseillait déjà lorsqu’il était joueur. Il restait avec moi à la fin de l’entraînement pour des exercices sur le tir au but. Il est beaucoup dans le partage, dans l’explication. S’entraîner avec lui, c’est trop bien. Maintenant qu’il est entraîneur, il doit garder cette “distance”, il y a cette barrière entraîneur-joueur pendant l’entraînement, mais on reste assez proches. Il me parle beaucoup, peut me gueuler dessus sans jamais qu’il n’y ait de problèmes. D’ailleurs, Camille me gueule autant dessus qu’il me donne des conseils pour m’aider. C’est top de l’avoir. »
Interrogé sur sa capacité à gérer les ballons hauts, Tiberghien souligne son aisance athlétique et l’ampleur du travail nécessaire face à l’évolution des règles. « Je pense avoir une facilité athlétique pour sauter au ballon, de base. J’aime “jumper”. Ce domaine, c’est vraiment du boulot. Ça fait beaucoup parler avec la nouvelle règle et la suppression des escortes. Ce duel, ça devient presque comme un plaquage. C’est du 100 %. Avant, tu étais quasiment tout le temps protégé, c’était rare que le mec puisse sauter en même temps que toi au ballon. Comme il était tout le temps en retard, il t’attendait en bas, ou ne pouvait pas sauter de face et était obligé de venir sur le côté. »
Il détaille l’intensité du travail quotidien : « Maintenant, tu fais 20 à 25 minutes de travail là-dessus par entraînement. C’est tellement aléatoire… Tu peux sauter hyper bien, être dans un méga bon timing, mais le joueur offensif n’a qu’à claquer le ballon dans son camp, avec un bras. En défense, comme tu le réceptionnes et que, derrière, il n’y a que l’en-but, sans aucun coéquipier, tu ne peux pas claquer le ballon. Tu es obligé de l’attraper, avec les deux bras. »
Sa stratégie pour dominer dans ce secteur est claire : « Ma stratégie, c’est d’arriver de loin, avec beaucoup d’élan. J’essaye d’attraper le ballon en premier lieu et si je n’y arrive pas, de cogner dans les règles le mec en l’air. Je cherche l’affrontement physique en l’air. L’attaquant a l’avantage sur le ballon, vu qu’il ne saute qu’à une seule main et n’a qu’à le rabattre dans son camp. Si je vois que je vais arriver en l’air avant lui, pas de problème. En revanche, si je vois qu’on va arriver en même temps au ballon, ça va se jouer au plus costaud. C’est donc lui ou moi… »
Tiberghien ne cache pas son absence de peur dans ces duels aériens : « Non. Si tu commences à avoir peur, c’est impossible de sauter. Mine de rien, c’est tellement dangereux. Quand je vais sous un ballon haut, dans ma tête, c’est lui ou moi. J’y vais à 200 % et en l’air, on voit qui l’attrape. En tout cas, je sais que ça va cogner. »
Enfin, il réagit à la récente interdiction des escortes, une règle qui bouleverse le poste et le jeu : « Ça a révolutionné le poste et le jeu. Depuis que cette nouvelle règle existe, il y a beaucoup plus de jeu au pied dans le match. L’équipe qui tape a plus de chances de récupérer le ballon. Elle s’en débarrasse bien plus rapidement. Enfin, je trouve ça hyper dangereux. Si je n’y vais pas à 200 %, je risque de ne pas avoir le ballon, de me blesser ou de mal retomber. On l’a vu contre Toulon. Je fais tout ce que je peux pour claquer le ballon et Gaël Dréan saute plus haut que moi car il avance. Moi, je recule, je ne sais jamais où il est et, au final, il fait un gros KO derrière. Je trouve que cette règle est discutable, mais ça nous dépasse, on l’applique. »
À travers ces confidences, Cheikh Tiberghien offre un regard précieux sur les défis techniques et physiques du poste d’arrière dans un rugby en pleine mutation.







