La Ligue Nationale de Rugby (LNR) envisage de réduire les indemnités versées aux clubs apportant des joueurs à l’équipe de France, une mesure qui risque de bouleverser l’équilibre financier du Top 14.
Actuellement, chaque club bénéficie d’un crédit Salary Cap de 180 000 euros par joueur international, un avantage qui pourrait être revu à la baisse afin de limiter les écarts entre les clubs. Cette réforme menace particulièrement le Stade Toulousain, qui pourrait perdre jusqu’à un million d’euros de Salary Cap.
Philippe Spanghero, interrogé par Le Figaro, confirme l’impact majeur de cette décision pour Toulouse. « Oui, et l’impact serait énorme. Deux visions s’affrontent. Celle du Stade qui affirme que c’est un aménagement anti-Toulouse. Et honnêtement, dans les faits, c’est le cas. Ce sont les principaux concernés. Et celle de la Ligue qui assure que ce n’est pas orienté contre le Stade Toulousain. En substance, la LNR leur dit : ‘Vous avez respecté cette règle qui vous a accordé un million d’euros de plus que tous les autres au salary cap. Mais cette somme vous a permis de creuser l’écart. Résultat, le produit global est impacté. Vous gagnez très régulièrement au détriment de l’incertitude sportive et le Top 14 perd de la valeur.’ Cet aménagement n’est donc pas dirigé contre Toulouse, mais pour protéger le produit. »
Spanghero comprend néanmoins le ressentiment du club haut-garonnais. « On peut comprendre leur agacement. « Vous faites une règle, on la respecte. On met des moyens colossaux sur notre formation pour être meilleur sur nos jeunes et, une fois que cette règle commence à porter ses fruits pour nous, vous la changez… » Mais j’entends aussi ceux qui disent qu’il faut protéger le produit à long terme. Si on crée trop de déséquilibre et que Toulouse caracole en tête tous les ans, ça enlève l’intérêt au produit. Et c’est très préjudiciable… »
Il insiste sur la nécessité d’une transition progressive : « S’il y a un changement du barème des indemnités, il faudra en tout cas que ce soit progressif. Sinon ce sera la double peine pour le Stade Toulousain. Il vient de prolonger des gros contrats sur 4 ou 5 ans en se disant que ces joueurs seront encore internationaux ces prochaines années et offriront un crédit de salary cap. Ils façonnent leur effectif sur cette base-là, en se projetant à moyen terme. Si on change la règle l’année prochaine, ils n’auront plus de latitude et devront se séparer de joueurs importants. »
Par ailleurs, Philippe Spanghero se prononce favorablement sur l’idée que la Fédération Française de Rugby (FFR) prenne en charge une partie du contrat de certains internationaux. « C’est une très bonne idée à condition de ne pas les prendre à plein temps. Le regain de forme actuel du rugby anglais vient du fait que, pour sauver l’économie de la Ligue anglaise, la RFU (la fédération) est intervenue en prenant une partie des contrats des internationaux à sa charge. Et, en un an et demi, le rugby anglais s’est refait une santé parce que la fédération a la main sur ses joueurs, il n’y a pas des renégociations tous les quatre matins sur la mise à disposition des internationaux, etc.… »
Toutefois, il souligne une contrainte majeure : « Mais la RFU est la fédération la plus riche du monde, notamment parce qu’elle est propriétaire de son stade, Twickenham. Donc pourquoi pas en France, mais une participation partielle coûterait entre 8 et 10 millions d’euros par an. Pour l’instant, la FFR n’en a pas les moyens financiers… »
Cette réforme du Salary Cap ouvre un débat crucial sur l’équilibre financier et sportif du Top 14, entre la nécessité de préserver l’équité entre clubs et les défis économiques liés à la formation et au maintien des talents internationaux.







