Cheikh Tiberghien, arrière de l’Aviron Bayonnais, s’est livré sans détour dans les colonnes de Midi Olympique sur son début de saison, ses ambitions et son rôle au sein du club comme en équipe de France.
« Écoutez, je suis plutôt content. Je ne saute pas au plafond, je ne suis pas non plus déçu. J’ai fait de bons matchs, d’autres où ça pourrait être mieux. Je suis encore en progression, en apprentissage. Je ne demande qu’à être le meilleur. J’ai encore plein de choses à améliorer, je le sais. On bosse dessus avec le staff. Mon problème, c’est la régularité », confie-t-il.
L’arrière bayonnais analyse ses performances en dents de scie : « Des fois, je fais un match XXL, suivi d’un match XS. Il faut que j’arrive à faire des gros ou des bons matchs tout le temps, que j’arrête d’enchaîner une très grosse, puis une très mauvaise prestation. À côté de ça, je joue, je ne me blesse pas, je touche du bois et tant que j’enchaîne sur le terrain, je suis content. »
Pour corriger ces écarts, il mise sur la répétition à l’entraînement et la préparation mentale. « Pour un sportif de haut niveau, l’entraînement est souvent répétitif. C’est une routine, tu répètes tes gammes. C’est bête et méchant. À l’arrière, je bosse les ballons hauts, le jeu au pied, la vision globale. Pour la constance, il faut être prêt à 100 %. Physiquement, au rugby, c’est quasiment impossible d’être à 100 % tous les week-ends, pour tout le monde, tu as toujours un petit truc. L’objectif, c’est d’être le plus proche des 100 % physiquement et à 100 % mentalement. »
Il souligne aussi l’importance du collectif dans un sport où, paradoxalement, le poste d’arrière demande parfois de se sentir isolé sur le terrain. « Il ne faut pas oublier que le rugby est un sport d’équipe et que, des fois, ta performance dépend de ce qu’il y a à côté, surtout à mon poste stratégique. Est-ce qu’on avance ? On subit ? On domine ? À l’arrière, tu es seul sur le terrain. Sur un 50-22, on peut, par exemple, penser que l’arrière n’est pas là, mais parfois, c’est l’ailier qui n’a pas fait la couverture. En revanche, sur la technique individuelle, ça ne dépend que de moi. Pour le travailler, il faut répéter le geste à l’entraînement. Bosser, bosser et c’est tout. »
Physiquement, Tiberghien se réjouit de sa bonne forme et de l’absence de blessures majeures : « Je touche du bois, je suis content, je ne me blesse pas, ou quasiment peu. J’arrive à enchaîner. Physiquement, ça va. Il y a des efforts derrière, il faut bien s’entraîner, c’est un environnement de vie. La densité d’aujourd’hui n’est pas celle d’il y a six ans. Les entraînements et les enchaînements sont beaucoup plus durs et longs. On enchaîne des blocs de neuf, dix, onze ou douze matchs. Le corps en prend un coup, mais c’est une question d’habitude et d’entretien. »
Toutefois, il avoue avoir vécu une période difficile à cause de sa blessure survenue en fin de saison dernière : « Je ne vous cache pas que c’était très dur, mentalement, en fin de saison. J’ai joué toute l’année et je n’ai pas pu manger les fruits que l’équipe a récoltés. Ça m’a fait très mal. Derrière, je suis allé à la tournée en étant un peu amoché. Le staff médical a fait un gros boulot, j’ai pu être remis physiquement pour prétendre à jouer. J’étais prévu titulaire, ça devait être ma première sélection et je me suis blessé. Ce coup de grâce fut vraiment dur à encaisser. Depuis, des mois sont passés, c’est digéré, mais je me rappellerai pendant toute ma carrière de ces moments-là. »
Son expérience au sein du groupe France lors de la Tournée d’automne reste un souvenir précieux, bien qu’il n’ait pas encore foulé la pelouse en match officiel : « Bien, c’est toujours un privilège, une satisfaction d’être appelé. J’étais dans la première liste des 42, c’est gratifiant. Quand tu es dans les 42, tu es à la fois proche et loin des Bleus. Il faut être patient, attendre son tour, et s’entraîner pour être prêt le jour où c’est à toi. Mentalement, c’est frustrant, car tu veux jouer. Représenter la France, c’est énorme. Je devais être capé en Nouvelle-Zélande et je ne l’ai pas été. J’ai la dalle, je n’attends que ça. Le jour où je serai appelé, il faudra que je sois bon. »
Il nuance toutefois sa présence dans cette liste par l’absence de certains joueurs concurrents : « En attendant, il faut que je m’entraîne, que je reste au niveau pour continuer d’être appelé et être bon si j’ai l’opportunité de jouer. Je n’oublie pas que, cet automne, il manquait des mecs à l’arrière : Buros, Attissogbe. Qui dit que j’aurais été convoqué si ces mecs-là n’avaient pas été blessés ? Il faut en être conscient. Il y a du monde à l’arrière. Thomas Ramos, je ne vais pas passer des plombes à parler de lui, il n’y a pas besoin. Je n’ai pas quelqu’un de facile à dénicher de sa place, mais je bosse et j’attends mon tour. »
Malgré tout, son ambition reste intacte : « Ah non, je ne perds pas du tout espoir. Au contraire. Je vais tout faire pour y aller quoi qu’il arrive. Jusqu’à la fin de ma carrière, j’aurai envie d’être sélectionné et de jouer. Un match, ce serait un premier pas, mais j’ai envie de me donner le droit d’en disputer d’autres. Pour ça, il faut que je sois bon et régulier. »
Cheikh Tiberghien incarne la détermination d’un jeune talent prometteur, conscient de ses marges de progression mais prêt à travailler dur pour s’imposer durablement, à Bayonne comme en équipe de France.







